Y'a ce truc qui me fait toujours marrer dans les magazines féminins mais aussi désormais sur les blogs, qui consiste à lister ses "essentials". Etant entendu qu'en général la fille interrogée est ce qu'Inès de la Fesse qualifie de "rock". Entendons par là "qui porte des chaussures Roger Vivier à 500 euros la paire twistées avec un bleu de travail acheté sur un marché de Manosque parce que c'est tellement chic de se saper avec des habits de pauvres laborieux".
Mais je m'éloigne de mon sujet. Celui, donc, des fameux "essentials". Censés être ces produits dont on ne se passerait pas sur une île déserte (ce qui soit dit en passant pose le ridicule de l'exercice parce que personnellement sur une île déserte la seule chose que je veux avoir avec moi c'est de la flotte et de la bouffe. Et un mec, tant qu'à faire. Le contour de l'oeil de la Prairie, comment vous dire ?). Mais je m'éloigne encore. Ce qui me fait marrer, c'est que ces nanas, leurs essentials sont toujours des produits portant des noms à coucher dehors, importés d'un ashram à Pondicherry ou fabriqués dans une ferme bio en Lozère à partir d'ovaires d'anesses tout juste pubères. Idem pour leurs fringues, qui sont certes des "basiques" (c'est le synonyme d'essentials en fait) mais des basiques ultra pointus, genre des chemises "toutes simples" mais de chez "Equipment" (compter 400 euros en moyenne), des dessous Eres, une jupe droite mais de chez Dries van noten ou un pantalon Céline ("les mieux coupés") (ah bon ?).
Idem pour le parfum. Ces filles ne portent JAMAIS du Coco Chanel ou un trivial Miss Dior (sauf si elles sont égéries, là elles sont obligées) mais des essences de tubéreuse de Joe Malone ou, the must, n'importe quelle eau de Cologne de chez Santa Maria Novella, tellement pratique de s'approvisionner vu qu'elles ne sont en vente que dans la parfumerie d'origine à Florence, "une vraie caverne d'Ali Baba".
Ah et puis elles ont toujours des "trucs" pour l'avion, du style qu'elles se lovent dans une combinaison en cachemire ou qu'elles ont toujours dans leur poche "des gros grains de ruban de toutes les couleurs qui servent aussi bien à nouer les cheveux qu'à se fabriquer une ceinture de fortune" (moi je ressemble assez vite à un roti avec un gros grain de ruban en guise de ceinture, mais c'est une autre histoire).
Le pire, c'est que je lis toujours religieusement ces articles, cruche que je suis, parce que j'ai toujours dans l'idée qu'un jour moi aussi j'aurai mes essentials, qui m'éviteront de gaver ma valise d'un tas informe de fringues pas assorties dont la moitié ne me serviront pas ou d'entasser dans le vide poches de ma salle de bain quantité de crèmes dont les trois quarts me filent de l'eczema. Sans parler de mon parfum que j'adore, certes, mais qui est d'un convenu absolu, vu qu'on le trouve dans la moindre parfumerie de France et de Navarre.
Et le pire, donc, c'est qu'une fois que j'ai potassé ces listes soit-disant réduites à la plus simple expression de l'indispensable, j'ai le tournis étant donné que 1) je n'ai pas les moyens de m'en procurer la moitié et que 2) à moins de passer ma vie dans un avion, je n'aurai jamais l'utilité d'un babygro en poil de chameau. D'autant que je ne voyage pas en première et que donc mon seul luxe dans les longs courriers consiste à enfiler les chaussettes en général oranges fournies par la compagnie, chaussettes qui s'accrochent à la moquette de l'appareil et finissent totalement éfilochées, classe.
Tout ça pour en venir où ?
A ma liste d'essentials pardi. Parce que sur le principe, j'aime assez l'idée de cette tendance à se débarrasser du superflu. Et que j'aimerais avoir la sagesse de m'y astreindre. Parce que si vraiment je réfléchis, voici les seules choses dont j'ai du mal à me passer:
Soins
- Ma crème hydratante (en général c'est Avène mais en gros la seule condition c'est qu'elle soit non comédogène, pardon my sebum)
- Mon eau démaquillante (j'utilise la bioderma en ce moment mais je pense que n'importe laquelle en vérité peut faire l'affaire, c'est juste que j'adore l'idée d'utiliser la même eau démaquillante que les tops models et que les laits me collent de l'acné, ne parlons pas des huiles, excuse my glandes sébacées).
- Mon fond de teint bare minéral ou ma crème teintée (Avène one more time) une fois le bronzage de l'été disparu (à savoir donc 11,5 mois de l'année) (ce n'est pas par snobisme que j'utilise exclusivement ces deux là, c'est juste donc que les autres finissent donc immanquablement par me coller une plaque d'eczema sous l'oeil).
- Ma poudre de soleil (avant je ne jurais que par la terracota de guerlain mais en fait il y en a pas mal d'autres qui font le job).
- Un mascara, si possible ne faisant pas des paquets et ne me brûlant pas les yeux quand je pleure (je pleure beaucoup, dès que je ris en fait) (je ris beaucoup).
- Eventuellement un rouge à lèvres.
- Un vernis rouge ou orangé.
- Un déodorant.
- Mon parfum, Chance de Chanel, donc (désolée).
- N'importe quel gel douche ou savonnette, idem pour les shampoings, franchement je ne vois jamais la différence sur mes cheveux.
Fringues
- Ma robe noire portefeuille Monoprix année 2004 en espèce de nylon qui ne froisse jamais et que j'envisage de faire reproduire en dix exemplaires par une couturière tant c'est la forme qui me va définitivement le mieux.
- Un jean plutôt slim et plutôt brut.
- Des tee shirts qui tombent bien, j'aime ceux d'american vintage ou de chez Zara en lin.
- Une paire de boots, si possible deux pour alterner parce que je pue des pieds et que je nique mes chaussures.
- Une paire de talons, si possible compensés parce que sinon je meurs de la voute plantaire très rapidement.
- Un pull plutôt près du corps parce que moi les grands pulls d'homme ça me tasse et me fait prendre dix kilos.
- Mon grand gilet en cachemire que le churros m'a acheté un jour chez Mark&Spencer et qui me sert d'à peu près tout, robe de chambre, manteau, doudou, couverture, etc.
- Un blouson en cuir type perfecto.
- Un manteau un peu oversize avec de la laine dedans pour ne pas avoir froid.
- Une écharpe et une étole.
- Des dessous qui 1) me tiennent bien les seins 2) ne me serrent pas le ventre mais passent par dessus mon fucking bourrelet.
- Des chaussettes noires qui montent jusqu'en haut du mollet SANS LE SCIER.
Et c'est à peu près tout. Voilà, vous pouvez reprendre une activité normale, genre en allant lire un livre, histoire de regagner quelques neurones après ce billet si profond.