Hier, j'étais en train de faire un shooting mode de ma jambe gauche (ma préférée), histoire d'immortaliser ces boots (Ann tuil) que l'on peut raisonnablement qualifier d'essentials (au sens Gwyneth Paltrien du terme) tant elles ont cet aspect intemporel, un cuir doux qu'on voudrait lui faire un calin et cette hauteur de talons IDÉALE, quand Zaz m'a envoyé ce texto (il était 16h00): "Dis, si on laissait les mecs et les enfants aller au parc Kellerman de leur côté pendant que nous on irait boire des cocktails ?".
Bien sûr, nous aurons tous noté que cette invitation à la débauche a donc été lancée un dimanche, à l'heure du goûter*.
Je ne sais pas quelle eut été votre réaction mais moi j'ai pris ça comme un appel au secours, ni plus, ni moins. Il faut dire que je me souviens parfaitement de cette même envie soudaine qui s'était emparée de moi un an presque jour pour jour après la naissance de Rose. Ce qui explique mon absence totale d'hésitation et la façon peu amène avec laquelle j'ai expédié au square le churros et les fruits de mes entrailles (rien à voir mais croyez-moi mes entrailles je les sens ce matin).
Et nous voilà parties avec Zaz, juste après lui avoir demandé de faire la mannequin jambes pour moi et un peu envisagé, j'avoue, de ne pas vous révéler le pot aux roses. Après, quelque chose m'en a dissuadée, sans doute ma dignité (je ne l'avais pas encore abandonnée dans le bus 62, mais j'anticipe).
(par contre pour ce qui est de penser à virer le sac plastique derrière, y'avait - déjà - plus personne)
Nous voilà parties, donc, avec comme destination officielle la visite, enfin, de la cité de la mode et de son exposition sur Balenciaga (personne n'y croyait vraiment mais il était 16h45 et même à 40 ans il est parfois difficile d'assumer une envie de cuite avant 19h).
Après une longue promenade sur les quais, dans un climat tellement doux que ç'aurait pu être le printemps, nous avons fini assez rapidement (l'expo était fermée, ballot) sur un transat du Wanderlust, THE PLACE où chiller le dimanche quand on est un hipster à Paris, sachez-le. Il faut bien avouer que l'endroit est super agréable, avec immense espace découvert en teck donnant sur la Seine (c'est marrant comme les hipsters ne vont pas s'emmerder à chiller dans un pauvre bar un peu pourri de la porte d'Ivry, genre) (Mais ceci étant dit, j'aime l'idée d'un lieu branchouille dans ce coin qui jusque là était surtout réputé pour sa mocheté, la vilaine partie des quais, avec vue imprenable sur les bureaux de la RATP. J'adore de toutes façons l'ambiance docks urbains, quelle que soit la ville).
En revanche, j'ai moyennement apprécié le coup de devoir payer 5 euros pour entrer, pour cause de "brunch bazar", à savoir ni plus ni moins une sorte de brocante avec des stands se ressemblant tous et proposant des modèles de bijoux qu'on ne sait plus qui a commencé à copier qui (mais j'en peux plus de ces alliances "suprenantes" du cuir et du métal, par exemple) ou des fringues vintage (de l'année dernière, donc) Isabel Marant essentiellement.
Quant aux cocktails, à 12 euros ça freine (un peu) les ardeurs de quiconque a envie de dire un gros fuck au principe même du dimanche soir. Surtout quand on s'aperçoit au bout de quatre gorgées qu'il est fini, en fait y'en a pour 10 euros de glace et 2 euros de rhum.
Mais il n'empêche que malgré mon côté vieille du muppet show qui a toujours un truc à redire, l'atmosphère du Wanderlust est festive sans ostentation, le DJ super bon (niveau sonore absolument parfait après deux mojitos) et de ce qu'on en a vu, les pizzas et autres choses à grignoter assez bonnes (nous on n'était pas là pour se laisser aller, on n'a rien mangé, toujours ça de (pas) pris).
Voilà, l'intérêt d'une cuite à l'heure du goûter, c'est qu'on est rentrées chez nous à 20h45 avec cette étrange sensation de jet-lag, convaincue qu'il était 2h du matin.
C'est là que j'en viens à ce moment un poil embarrassant dans le 62 donc. Alors qu'on descendait avec autant de grâce possible du bus (ce qui consistait essentiellement à ne pas tomber), une jeune femme m'a regardée d'un air entendu avec un grand sourire. Le genre de sourire qui pourrait avoir voulu dire "j'aime bien votre blog". Jusque là tout va bien, vous me direz, plutôt agréable, même.
Oui, si l'on fait abstraction de la conversation ayant précédé cette rencontre fortuite et pouvant avoir eu trait à la difficulté d'envisager la sodomie quand on souffre d'hémorroides. Il va de soi que nous parlions d'une amie (la pauvre) ce que je n'ai pas eu le temps d'expliquer à ma potentielle lectrice, d'où ce petit apparté que vous me pardonnerez.
Edit: c'est fou comme avec un petit coup dans le nez on a tout de suite l'impression d'être promis à un grand avenir artistique. En tous cas entre Zaz et moi j'ai compté on a pris 312 photos pendant les deux heures au Wanderlust et sur le chemin du retour. Je vous en éparge la majorité mais sur le tas il y en a qui reflètent assez bien ce drôle de dimanche.
* CE QUI EN PROUVAIT L'URGENCE ET LA NÉCESSITÉ, MONSIEUR LE JUGE.