Me voici revenue de la sérénissime qui n'a jamais si bien porté son nom. Plus je découvre cette ville merveilleuse, plus je suis enchantée. Pourtant cette fois-ci ça n'était pas vraiment gagné.
Dans la nuit de vendredi à samedi, veille du départ, j'ai en effet commencé à me sentir... bizarre. A savoir que si je n'avais pas eu la certitude que ce soit matériellement impossible - d'autant qu'en me levant pour vérifier j'ai eu la confirmation qu'elle était toujours à côté de moi - j'aurais pu jurer avoir avalé ma valise. J'entends par là qu'une sorte d'enclume de trois tonnes pesait sur mon estomac, rendant toute tentative de m'endormir assez improbable.
Je me perds un peu dans des circonvolutions pour décrire quelque chose d'assez trivial - une gastro, quoi - mais j'ai besoin de faire pleurer dans les chaumières étant donné l'absence TOTALE de compassion du churros ce matin là - "non mais c'est une manie ou quoi de tomber malade à CHAQUE FOIS qu'on part ? Tu somatises ou bien ?" (tout ça parce qu'en effet, il y a trois ans, j'ai passé les trois jours d'un week-end à Londres à ramper de mon lit aux toilettes de la chambre de mon hôtel. Tout de suite, il faudrait chercher des explications psychosomatiques à une poisse saisonnière amplement aggravée par la présence dans mon foyer de trois pièges à bactéries homologués par tous les médecins de Paris) (mes gosses).
Bref, ceci étant dit, j'ai pris sur moi (ma légendaire force de caractère) et j'ai tant mal que bien réussi à trainer ma misère jusqu'à l'aéroport, puis le tarmac, puis le vaporetto, puis l'appartement que nous avions loué pour ces trois jours.
Et bien m'en a pris puisque certes le samedi n'a pas été la journée la plus dynamique de ma vie - d'autant trouveront qu'avoir roupillé une après-midi entière dans un plumard de location plutôt que d'arpenter les ruelles de la plus belle ville du monde, c'est péché - mais le lendemain j'allais déjà mieux (disons que j'avais toujours ce problème d'ingestion de valise, mais vidée de mes vêtements). Et le troisième jour, qui fut aussi le plus clément météorologiquement parlant - prima vera en plein mois de novembre, magique -, je pétais quasiment la forme (en vrai, surtout, je pétais, mais ça me faisait un bien, vous n'imaginez pas).
Bon, et Venise ? Venise, ça ne se raconte pas vraiment. Venise, on s'y perd, surtout, on marche le nez levé et les pieds un peu dans l'eau, on se prend à apprécier même les odeurs de la lagune, à tanguer lorsqu'on est sur terre et à se découvrir sur mer un pied marin qu'on s'ignorait. Je rêvais de redécouvrir la ville à travers les yeux de mes enfants et de mes parents et ce fut réussi, qu'il s'agisse de Rose, émerveillée par les palais de princesse un peu partout, les twins fascinés par les bus sur l'eau, l'atmosphère "harry-potterienne" des ruelles la nuit ou mes parents qui craignaient d'être déçus par un aspect trop carte postale et qui je crois sont tombés amoureux, tout le monde a été conquis. Pour un premier voyage "touristique" avec Rose, c'était parfait, tout est facile, la nourriture, les distances, l'absence de voitures.
Nous n'avons pas fait de musées, nous avons uniquement visité le palais des Doges - et ça vaut le coup, surtout les passages secrets dans les geoles sous le pont des soupirs -, nous avons choisi d'aller là où le vent nous poussait, sans but précis, en nous extasiant devant tant de beauté et en tournant parfois en rond, aussi, pour notre plus grand bonheur. Dorsoduro, San Polo, Canareggio... les quartiers ont tous leur spécificité, leur richesse. Et puis Burano la douce, avec ses maisons colorées et son atmosphère si sereine, a été la cerise sur le gâteau.
Personnellement, je me suis aussi souvenu à quel point j'aimais l'Italie, la langue qui chante et qui donne l'impression, factice, de savoir la parler sans jamais l'avoir apprise, ses chapelets de cafés plantés sur la moindre placette, le linge aux fenêtres qui parfois semble assorti aux volets, l'élégance presque féminine des hommes. Et puis cette lumière, qui fait changer les couleurs de la mer et des palais.
Faire cette pause, aussi, une vraie, sans wifi, sans penser ou presque au boulot, c'était je crois nécessaire, je finissais par frôler le pétage de plombs, d'autant que ces dernières semaines ont été un peu coton, eu égard au changement de cap qu'a décidé de prendre le churros (journalistique, hein, pas marital) - vive les risques, vive les paris.
Bien sûr, là, du coup, je suis juste un tout petit peu borderline en terme de délais à tenir pour hier, mais peu importe, par moments il faut se souvenir de ce qui compte. Et ce qui comptait ce week-end, c'était cette douce sensation d'être contre, tout contre les miens, dans cet appartement parfait, dans ce quartier de la via Garibaldi, un peu excentré et donc vide de touristes. Fou comme en trois jours c'était devenu chez nous. Rose demandait quand elle était fatiguée, à rentrer "à la maison", preuve que nous y avions fait un peu notre trou.
(elle, c'était la petite statue du jardin de notre "maison", solution vraiment géniale quand on part à plusieurs à Venise, louer un appart, moi je suis passée par Homelidays)
Voilà, je vous mets quelques photos, j'en posterai probablement d'autres dans la semaine, j'ai fait un shooting mode graou à Burano du plus bel effet.
(par contre le churros au niveau du flou, bon, voilà quoi)
Soupirs... (hin hin hin)
Bonne journée.
Ah et aussi je vous ferai mon petit carnet de voyage avec les deux ou trois adresses qui vont bien que j'ai glanées. Rien de très original j'imagine mais au cas où...