Je suis très fière de moi. Cette année je n'ai presque pas terrorisé mes enfants pendant la décoration du sapin. C'est assez étrange, ce côté control freak de la guirlande. Alors que je n'accorde que très peu d'attention à tout ce qui est ameublement, ordre, ménage, design et compagnie, je me transforme, je l'avoue, en christmaszilla au moment de l'accrochage des boules. Je pense que ça renvoie à quelque chose au niveau de la castration, un oedipe mal géré. Je ne vois que ça.
Concrètement, ça se traduit par une certaine difficulté à les laisser disposer des décorations comme ils l'entendent (sachant qu'en général ils l'entendent par "toutes les boules concentrées dans dix centimètres carrés d'une branche") (si possible à l'arrière du sapin). Sans compter le goût tragiquement mauvais du machin qui tient CHAQUE ANNÉE à nous ressortir l'affreuse boule en plastique remplie de billes en polystyrène fabriquée au CP. Jusqu'à ses 11 ans, merci la respiration abdominale, j'ai consenti à ce qu'elle cotoie les miennes, mes précieuses, choisies avec amour. Mais là j'ai décidé qu'il fallait enfin lui dire la vérité: "Ta vilaine boule gâche MON sapin".
Une partie de moi savait qu'elle était en train de briser le coeur de son enfant mais l'autre jubilait à la perspective de s'être enfin débarrassée de cette verrue. C'est celle là qui a gagné. La mauvaise. En même temps Winicott parle de mère "suffisamment" bonne, hein.
Allez-y, dites-le, je suis un monstre. La Mac'Miche du sapin. La Monica Geller de Noël.
La seule chose qui me rassure c'est que malgré cette légère tendance impérialiste, mes enfants réclament tous les ans qu'on recommence et me supplient de "faire comme d'habitude, tous ensemble, tu sais, avec tes chansons de Franck Sinatra".
C'est dingue quand même l'amour filial. Un jour je le paierai, c'est certain.
En attendant, dans ta face, la vilaine boule en polystyrène. NIAHAHAHAHAHAHAHAH.