"Je n'ose pas te toucher", m'a dit le churros avant-hier quand je l'ai rejoint dans le lit après être revenue des urgences. "Tu peux quand même me caresser le dos, ça me ferait du bien", j'ai répondu.
"Tu as dit que je pouvais te toucher les fesses, c'est ça ?", il a essayé.
Je me demande ce qui pourrait, un jour, lui sembler assez grave pour ne pas tenter sa chance.
Inutile de préciser qu'il se l'est mise gentiment derrière l'oreille et qu'il ne devrait pas avoir de fenêtre de tir avant deux ou trois ans.
Le lendemain, quand je me suis réveillée, j'ai d'abord cru que j'avais rêvé cette histoire de sacrum explosé. Mais l'enclume me servant désormais de postérieur s'est assez vite rappelée à mon bon souvenir. Ensuite j'ai vu arriver les enfants les uns après les autres me demander des nouvelles de mes fesses. J'ai trouvé ça mignon. Un peu moins quand le machin m'a demandé très sérieusement si j'allais mettre la radio de mon sacrum sur mon blog (j'ai créé un monstre).
Cette considération n'était qu'un avant goût des gentils messages ponctués de blagues dont les auteurs étaient sûrement persuadés être les seuls à y avoir pensé. (alors que non).
C'est le souci quand tu te casses le cul. Tes amis sont vraiment désolés pour toi, mais tu sens quand même que le sourire n'est pas loin quand ils te font part de leur compassion.
Mais ces manifestations de sympathie un peu vacharde n'étaient rien, comparées à la nuée de pré-ados qui se sont rués sur moi avec les meilleures intentions du monde quand à 18h je me suis trainée écouter la chorale du collège. Manifestement, mon séant avait mobilisé les conversations durant la récré. Ou bien les copains de mes enfants lisent mon blog et là c'est un peu plus emmerdant (et ça n'est pas une façon de parler).
A part ça, je tiens à vous rassurer, hier je n'ai pas souffert. Pour la simple et bonne raison que j'ai été défoncée une bonne partie de la journée. Un trip d'enfer grâce à l'anti-douleur prescrit par le chaud bouillant docteur Torres. Ah c'est sûr, je ne sentais plus mon sacrum. Mais pas plus que le reste de mon corps. (en même temps c'est normal, tout ça c'est grâce aux licornes qui m'avaient préparé un lit tout douillet. Qu'est-ce qu'on a ri avec les bébés poneys, aussi).
Je ne voudrais pas faire l'apologie de la drogue mais malgré tout, je me demande si ça n'est pas la solution à tous nos problèmes. Le souci c'est quand l'effet s'estompe. Et qu'en même temps que la douleur physique se réveillent les angoisses liées au fait que non, pendant que je dormais bouche ouverte, la tête sur mon clavier, personne n'avait eu la bonne idée d'écrire mes papiers pour moi (sympa les licornes, mais quand il s'agit de rendre service à une amie y'a plus personne)
Bref, pour la survie de ma petite entreprise, j'ai pris la décision d'affronter la douleur et de me désintoxiquer immédiatement du tramadol, dont j'ai eu en plus comme à l'accoutumée l'intégralité des effets secondaires. Probablement parce que j'en avais potassé la liste (de la même façon que je lis scrupuleusement les consignes en cas de crash de l'avion, je me fais toute la notice de chacun des médicaments que j'avale) (mon kiff c'est de les lire aux toilettes) (mais là en l'occurence j'ai tout bonnement décidé de remettre mon caca au mois prochain). Ceci étant dit je n'ai pas inventé les fourmillements dans toutes mes extrémités ni cette étrange impression que mon appartement était monté sur pilotis. Du coup imaginez mon angoisse quand j'ai lu que cet anti-douleur pouvait provoquer une accoutumance chez certains sujets. Etant par nature addictive à tout ce qui me permet d'édulcorer la réalité (parce que soyons clair, la réalité est une sacrée connasse), je préfère ne pas prendre de risques.
Voilà, merci en tous cas pour tous vos messages hier qui m'ont touchée. Et je ne vous en veux même pas d'avoir ricané. (une partie de moi s'est elle même bien gondolée pendant cette journée de merde).
Edit: j'aime bien cette photo prise par Paingout, en Islande, parce que je me souviens qu'à ce moment là j'étais assez high aussi (l'ivresse des grandes étendues vierges). (et puis c'était ça ou ma radio et je crois que je l'aurais regretté)