Je sors d'une phase de misère non pas sexuelle mais littéraire. Impossible de lire, si ce n'est des polars à la petite semaine, si possible dont l'intrigue ne tenait pas plus de 15 pages. Même le suspense m'était insupportable. Etrange, ces périodes de disette. Même si j'identifie en général assez bien les causes du problème. En l'occurrence ces derniers mois, beaucoup de choses différentes à faire, de papiers à rendre, d'histoires à inventer. Résultat, un cerveau fatigué, refusant de faire le moindre effort et préférant s'abrutir de séries - bonjour, je suis la fuite en avant.
Mais ces derniers jours, j'ai senti un rebond. Je ne sais pas, peut-être parce que les séries se font plus rares en ce moment - même si whooo, j'ai découvert Luther deux ans après les fans mais je suis complètement happée, tellement dingue d'Idriss Elba, le gangster de The Wire mais aussi peut-être le futur James Bond. Trrrrrremble Daniel.
Voici donc quelques uns des bouquins lus ces derniers mois, je vous épargne les plus mauvais dont les Lisa Gardner qui certes a trouvé le bon filon - les enlèvements d'enfants en gros - mais qui très honnêtement est à mon sens au polar ce que Shym' est à la musique classique. Ce qui ne veut pas dire que je n'en relirai pas, mais le succès interplanétaire de ces bouquins a quand même tendance à m'échapper. Dans le genre je préfère dix fois Mo Hayder ou Gillian Flynn (bien au dessus, même).
Gillian Flynn, Sur ma peau: je crois vous en avoir déjà parlé, j'ai aimé tous les bouquins de cet auteur découverte avec les Apparences. Qui est soit dit en passant son "plus drôle", les autres sont nettement plus glauques. Il est ici aussi question d'enlèvement d'enfant mais le sujet est plutôt celui de cette journaliste dépêchée pour suivre l'enquête policière dans sa ville natale et dont les traumatismes enfantins remontent à la surface. Sur ma peau, pourquoi ? Parce qu'elle écrit des mots au rasoir sur son corps pour relâcher la pression. Amis de la joyeuseté, bonsoir.
Mo Hayder, Les lames: Un meurtre d'adolescente, une bande de jeunes dont certains sont peut-être impliqués, deux soeurs, l'une flic, l'autre paumée, qui cherchent le coupable. Tout ça sur fond de lande anglaise et de climat rude et pluvieux. Efficace.
Heureux les heureux, Yasmina Reza. J'avoue, Reza, depuis son bouquin si complaisant sur Sarkozy, bof. Mais là, j'ai dévoré ce livre chorale, écrit au scalpel, dont certains passages font pleurer et d'autres rire franchement. Il est question d'adultère, de maladie, d'amour et de folie. Il est question du bonheur qui peut-être n'existe pas ou bien il faut le dire vite.
Irvin D. Yalom, Mensonges sur le divan. Lu après m'être enfilée les 3 saisons d'In treatment, c'est parfait pour rester dans la continuité de ces histoires de transfert entre patients et psy. A la différence que là finalement, c'est aussi un polar, voire un thriller psychanalytique. J'aime vraiment bien cet auteur.
Les délices de Turquie, de Jan Wolkers. Je suis en train de lire ce bouquin édité chez Belfond dans le cadre de la collection "vintage", qui vise à faire revivre des livres devenus cultes au moment de leur parution mais qu'on a un peu oubliés. Dix fois plus trash je pense que les 50 shades of grey, on est à mi-chemin entre Les Valseuses et Dernier Tango à Paris. Une liberté de ton rafraichissante et qui confirme que de ce côté là on est plutôt devenus très conservateurs... Pas fini mais j'aime.
La vérité sur l'affaire Harry Quebert. Je suis très emmerdée. Au départ j'ai dit ici que ça s'annonçait pas mal. Le truc c'est que je l'avais alors à peine commencé. Et qu'en réalité, il y a au moins 150 parges de trop dans ce bouquin, qui ne mérite de toutes façons pas les éloges que j'ai pu lire ça et là. L'auteur est malin, il a pris un peu de tous les auteurs américains qu'il aime et il en a fait une sorte de compilation, au détriment d'une intrigue qui à force de rebondir fait penser à celles des feux de l'amour dont le coupable change dix fois en cours de route. Le souci c'est que là on a vraiment l'impression que l'auteur a hésité dix fois avant de décider qui serait responsable de la mort de Nola Kellerman, 15 ans, dans les années 70. Je passerai sur le style qui est tantôt agréable, tantôt confondant de lourdeur - "il était inquiet. Il tremblait parce qu'il était inquiet" (pas sûre que ce soit littéral, mais vous voyez le genre). Ceci étant dit, je l'ai lu en entier et j'y ai pris - parfois - du plaisir.
Edit: Oui, on est d'accord, la pub, là, c'est too much. Je suis en train de voir ce que je peux y faire.
Edit2: Vendredi, vous aurez droit à la liste de Marje pour les jeunes et moins jeunes.