Il y a quelques jours, j'ai donc rencontré Clémentine Célarié. Le hasard veut qu'une de mes amies, Nazanine, maman de l'alter égo éponyme de ma fille - oui, non contente d'avoir un jumeau, la chérie a une BFF qui porte le même prénom qu'elle et lui ressemble passablement - , travaille avec elle. En venant récupérer sa chérie à elle, elle me dit: "ça te dirait de prendre un café avec Clémentine pour qu'elle te parle de sa pièce de théâtre ?".
Wait.
Tu veux dire, prendre un café avec l'héroine de ma jeunesse, celle qui ce soir là embrassa un homme atteint du sida en direct, séchant par la même occasion tous ces gens bien pensants de l'époque ? Tu veux dire, Clémentine Célarié de 37,2 le matin ?
Chais pas...
Bref, en dépit de mon cul cassé, je suis allée rencontrer Clémentine Célarié, en me promettant de ne pas imédiatement évoquer le fameux baiser dont elle a du entendre parler jusqu'à la nausée.
Guess what ? J'ai tenu environ un quart d'heure et quand j'ai lâché le morceau j'ai été fichue d'avoir les yeux qui piquent. Je ne serai JAMAIS journaliste people, question de recul peut-être.
Cerner quelqu'un le temps d'avaler quelques tasses de thé vert n'est pas possible et mon ressenti n'est évidemment que très subjectif, mais le fait est que Clémentine Célarié est exactement comme je me l'imaginais. Cash, engagée, franche et drôle. Elle est aussi, on le sent, pleine de doutes parfois. Et comme il n'y a rien tant que les failles qui me touchent, forcément, j'ai été... touchée.
Surtout, Clémentine Célarié est passionnée. Par son métier mais aussi et surtout par les projets qu'elle rêve de porter, les mots qu'elle veut partager sur scène, la musique qui l'habite, aussi. Son bébé aujourd'hui, c'est une pièce de théâtre qu'elle a jouée à Avignon et qui s'appelle "Dans la peau d'un noir". Un spectacle adapté du livre de John Howard Griffin, écrit dans les années 60 par un journaliste qui s'est alors vraiment transformé en noir, en pleine ségrégation, pour "voir" comment on vivait lorsqu'on était de la catégorie des indésirables.
Sur scène, Clémentine Célarié ne prend pas comme Griffin des substances pour changer la couleur de sa peau, mais elle se maquille devant le public qui la voit peu à peu devenir cet homme noir. Pourquoi cette pièce ? "Parce que ce serait se mentir que de croire que tout a changé et qu'il est si facile aujourd'hui d'être cet homme noir. Parce que jouer un homme m'intriguait et que les peaux sombres m'ont toujours attirée, peut-être parce que de naissance, je suis africaine".
Clémentine Célarié est née à Dakar, d'un père journaliste qui a bourlingué un peu partout. Elle en a gardé un amour inconsidéré pour ce continent et une envie, donc, de se faire, le temps d'une représentation, une porte-parole de la cause noire. Pas "par militantisme effrené, mais par envie de comprendre, de montrer, tout simplement, ce qu'à cette époque aux Etats-Unis cela impliquait de ne pas être blanc".
Seule sur scène elle voyage comme le fit l'auteur du livre à l'époque. Et compte bien emmener avec elle les spectateurs parce que dit-elle, depuis qu'elle a compris que si elle y croyait très fort, les gens qui venaient l'écouter y croyaient aussi et partageaient son périple, elle aime encore plus son métier d'actrice.
Voilà, on a parlé de ça, mais aussi du corps - le sien est parfait - (bitch). Un corps instrument, un corps qu'elle "honore" quotidiennement en courant dans les parcs parisiens, surtout lorsqu'elle ne joue pas. Un corps qu'elle a appris à aimer parce qu'il la porte, littéralement. On a parlé des fins de mois parfois difficiles, de ces moments idiots où justement parce qu'on n'a plus un radis, on a tellement envie de cette paire de bottes hors de prix. On a parlé des hommes, des enfants - elle a trois fils dont deux musiciens - du fait que vivre une vie de saltimbanque n'est pas quelque chose qui se décide consciemment mais plutôt pour elle de l'ordre de la nécessité. Malgré les hauts et les bas, jamais l'éventualité de changer de chemin ne s'est posée. Ni celle de renoncer à des projets "parfois durs à monter comme cette pièce". Pourquoi si difficiles à monter ? "Peut-être le thème, peut-être la frilosité ambiante, le fait que l'on croit que le public en chie tellement avec la crise qu'il ne veut que des comédies". Alors qu'elle en est sûre, "les gens veulent surtout qu'on les emmène ailleurs, qu'on leur raconte de belles histoires".
Et comme Clémentine jouera donc sa pièce le 18 février à Paris au Théâtre des nouveautés, elle m'a proposé de faire gagner 10 places sur mon blog. Vous n'avez pour cela qu'à indiquer ici que vous êtes partants et as usual, le churros vous tirera. Il se prépare mentalement, parce que dix, quoi.
Bonne journée.
Edit: Ah et pour être au courant de toute l'actu de Clémentine Célarié, il y a désormais une page FB officielle.