Ce week-end, pour la première fois depuis longtemps, je me suis
autorisé une pause. Pas de papier en suspens, pas de cerveau parasité
par ce que je n'ai pas terminé, ce que je devrais anticiper. Ça peut
paraitre anodin, mais depuis deux ans je compte sur les doigts d'une
main les moments où ça m'est arrivé. Et la vérité, c'est que cela m'a
fait un bien fou. Pas certaine que cela se représente d'ici un bail,
mais ce qui est pris n'est plus à prendre. Je crois que c'est ce concert
samedi, aussi, comme s'il m'avait permis de réellement déconnecter, de
me souvenir que l'inspiration ne peut venir que de là, que de mes
pensées qui s'évadent. Et puis ce soleil, trop froid, mais bien là,
cette promesse de jours plus longs contre une heure de sommeil en moins.
Pour fêter ce printemps timide, nous avons étrenné avec Rose le nouveau tram qui nous emmène désormais en 12 minutes au bois de Vincennes. Parfois, le bonheur se résume à du pain rassis jeté dans le bec d'un cygne crâneur. Rajoutez à cela un thé à la menthe au Châlet des Iles, partagé avec frère et amis et le compte est bon.
Peut-être que tout ceci avait d'autant plus de saveur parce qu'auparavant, au gré de mes pérégrinations, j'avais atterri - thanks Deedee - sur ce blog terrible, "The battle we didn't choose", où Angelo conte en photos le cancer qui a emporté sa femme Jen après des années de combat. D'aucuns seront choqués par la dimension très crue des clichés, d'autres s'interrogeront sur le pourquoi. Personnellement je n'y ai vu que de l'amour et probablement un geste militant. Montrer la maladie ne se fait pas, ça n'est pas joli la maladie. Pourtant, la maladie c'est encore la vie.
Mon amie Julie, alors que je rédigeais un article sur les personnes âgés en psychothérapie, m'avait dit ces mots magnifiques: "Tant qu'une phrase n'est pas finie, le dernier mot peut en changer le sens. Il en est de même pour la vie". Je ne saurais dire pourquoi mais j'y trouve énormément de réconfort. Jusqu'à la dernière seconde, on est là. Hier, j'avais cette sensation d'être là.