Lui ne te parle pas en kilos mais en IMC (Indice de masse corporelle), et rapport masse maigre/masse grasse. Tu n’y comprends absolument rien, mais c’est moins déprimant que les 15 kilos à perdre. Cela dit, une fois que tu sais que tu es composée à 45% de matière grasse, tu te dis que c’est plus que le camembert et que c’est sûrement trop. L’adepte du nouvel équilibre alimentaire t’explique que tu ne seras jamais mince – ah ? – et que l’objectif est de réapprendre à manger – pourtant tu pensais que manger tu savais bien le faire -, en se faisant plaisir et en stabilisant son poids. Donc là, tu ne dois plus perdre 15 kilos, mais plutôt arrêter d’en prendre.
Le problème, c’est qu’au final, tu te retrouves tout de même avec un régime – enfin, un nouvel équilibre alimentaire – sans gras et sans sucre. La nouveauté vient plutôt du maintien des féculents. Le résultat est peu concluant : les premiers temps, tu te tiens à ce qu’on t’a dit, mais petit à petit, tu ne manges plus que du pain – autorisé, certes, mais théoriquement en quantité restreinte – et la perte de poids est en effet anecdotique, de l’ordre d’un kilos en un mois, et encore. Malgré tout, tu es contente et fière de toi, puisque l’objectif était de « stabiliser ». Hélas, le gourou de l’équilibre alimentaire, lui, ne te félicite pas : tu as réussi, tout en perdant du poids, à passer à 50% de masse grasse. Tu ne sais pas comment c’est possible, d’ailleurs lui non plus.
Tu continues quelques mois à suivre les conseils qu’il te prodigue à chaque séance : cuire le poisson en papillote, remplacer l’huile par des herbes aromatiques ( ?), cuisiner les lasagnes sans pâtes, avec, à la place, des lamelles de courgettes (…), éliminer les carottes râpées, qui sont – si si !– de dangereux « pièges à gras », etc. Tu finis par rêver que tu te noies dans du gaspacho au jus de citron (pour remplacer l’huile). Plus personne ne veut venir manger chez toi. Lassée, tu espaces les visites et finis par ne jamais le revoir.