Je n'étais pas revenue depuis ce jour de juin.
Alors quand dimanche, j'ai vu le jardin, avec ses couleurs d'automne, ses bogues de chataignes et ces feuilles mortes qui parsemaient la pelouse, j'ai eu du mal à croire que cette journée d'été avait existé. Le soleil était blanc et les odeurs de jasmin avaient diparu. Seul vestige du mariage, une armature de tivoli qui, inexplicablement restait appuyée contre un muret, comme si on ne s'était pas résigné à faire diparaitre tous les témoins de cette parenthèse enchantée.
Dans la maison aussi, tout était rentré dans l'ordre, les meubles entassés à l'étage pour que les robes des belles puissent tournoyer à loisir sur le parquet ciré avaient retrouvé leur place.
Envolées les guirlandes de papier, disparus les lampions...
Cela n'avait-il été qu'un rêve ?
Et puis je l'ai retrouvée, sans la chercher. En ouvrant la porte d'une armoire, pour y prendre un vêtement plus chaud. Elle gisait là, vaporeuse et assoupie, comme je l'avais laissée après qu'il m'eut délaçée. Un peu froissée, un peu tachée.
J'ai effleuré la dentelle.
Il m'a suffit de caresser la soie pour entendre nos rires, pour sentir les mains aimées et retrouver sur mes lèvres le goût de ses baisers.
J'ai pensé la plier ou la faire nettoyer.
Mais j'ai finalement renoncé à la déranger. Je me suis dit que ce repos, elle l'avait bien mérité.
Toute flétrie qu'elle était désormais, elle avait trouvé sa place. Dans la chambre de mon adolescence, avec ces autres souvenirs enfouis. Et puis après tout, ces taches étaient autant de preuves de ces danses, de ces bras enlacés et de ces verres qui avaient débordé.
Alors j'ai refermé la porte de l'armoire et m'en suis allée.
Ainsi vivent et meurent les robes de mariées...