Tom est mort. C'est le titre du dernier livre de Marie Darieussec. Livre dont j'aurais voulu vous parler parce que lorsque je l'ai commencé, je me suis dit que c'était probablement un des plus beaux qu'il m'ait été donné de lire.
L'histoire ? Tom est un petit garçon de trois ans. Mort. Sa mère, dix ans après, raconte. Tout. Du décès à l'hôpital à la crémation, des premiers jours d'hébétude à la lente descente dans les enfers de la mort d'un enfant.
Ce qui est fou ? Ce qui est fou c'est que même en n'ayant pas d'enfant mort, on a la sensation extrèmement troublante qu'on est cette femme. Et forcément, là, c'est devenu un énorme problème pour moi.
Parce que Tom est devenu mon enfant. Ou plutôt, il faut bien l'avouer, j'ai été terrorisée à chaque page que mes enfants subissent le sort de Tom. Cette douleur je l'ai touchée du doigt il y a des années à la naissance de mes jumeaux. Seulement effleurée. Mais elle a dû laisser son empreinte bien plus profondément que je ne le pensais puisque chaque ligne de plus m'est devenue au fil des pages insupportable.
Alors voilà, je n'ai jamais terminé Tom est mort. Il est au pied de mon lit, je le vois tous les soirs et tous les soirs je renonce à l'ouvrir. Par peur de provoquer le sort. Par peur peut-être aussi de déterrer cette souffrance tapie depuis ce jour de mai où la poitrine de mon fils de 46 centimètres se soulevait trop vite, trop fort.
La question que je me pose aujourd'hui c'est celle-ci: est-ce que je suis incapable d'aller au bout d'un livre que j'estime pourtant excellent uniquement parce qu'il fait écho à mon histoire ? Est-ce que tout mère peut éprouver la même incapacité ? Est-ce que même sans enfant il reste extrèmement compliqué de lire un tel ouvrage ?
En fait ça fait beaucoup de questions. Et je n'ai pas les réponses, peut-être les avez-vous ?