Elle et lui, une fois n'est pas coutûme, dans le lit. Ils chuchotent parce que l'iroquoise dort encore dans la chambre conjugale.
Pas parce que ça leur plait particulièrement de se réveiller au moindre bruit de bouche de l'enfant chérie.
Juste parce qu'on est à Paris, dans une famille de classe moyenne.
Et que par conséquent la demoiselle devra à un moment ou à un autre squatter la chambre d'un de ses aînés. Et que pour l'instant, ses parents se sacrifient pour que les aînés en question aient des nuits calmes.
Petit apparté, on oublie toutes les conneries sur la magie de la filiation, les petites mains adorables qui puent et tout le toutim. Après une semaine à se réveiller toutes les deux heures pour cause de pic de croissance mon cul, je la donne, Helmut.
Mais revenons à notre petit couple adoré...
Lui: Tu sais, je t'aime. Tu me plais.
Elle: Moi aussi mais j'ai sommeil.
Lui: Non mais je ne disais pas ça de façon intéressée. (...) Même s'il parait qu'on peut en mourir.
Elle: ...
Lui: Sans rire hein. Au bout d'un moment, les testicules peuvent exploser et là je ne te dis pas l'horreur.
Elle: Ecoute, quand tu sens que ça vient, préviens moi et promis je fais quelque chose pour éviter ça. Bonne nuit mon amour.
Lui: Ah. Bonne nuit alors.
Puis, après un silence...
Lui: N'empêche, t'as vu, j'ai fait des progrès. Je te mets pas la pression, hein.
Elle: Noooon. Pas le moins du monde.
Lui: Sérieux, y'en a je suis sûr qu'ils la mettent beaucoup plus. La pression. En plus, je suis cool tu vois, parce que je pourrais te dire que l'allaitement ça met une barrière entre toi et moi, je pourrais te faire une crise de jalousie rapport qu'Helmut a fait une OPA sur tes seins. Alors que je prends sur moi comme un malade. Franchement, y'en a je suis sûr qu'ils estiment qu'ils ont leur mot à dire. (Un silence, puis, emporté dans son élan) Je crois que tu ne réalises pas trop la chance que tu as.
Elle : Là t'as raison, je ne réalise pas. Mais tu sais quoi ? Souvent, ces hommes là, ils se lèvent la nuit et ils vont faire des biberons en se caillant les couilles dans des cuisines pas chauffées. Ensuite ils font faire le rot et ils changent la couche du bébé. Et même, dingue, y'en a aussi qui attendent un peu plus de deux semaines après l'accouchement avant de suggérer avec une subtilité dont je ne me suis toujours pas remise à leur épouse: "Rrrrh, je te ferais bien péter l'épisiotomie, moi". A mon avis, ceux là, ils n'ont même pas besoin de mettre la pression, la "barrière", comme tu dis, elle s'ouvre toute seule. Lait maternel ou pas.
Lui: (...). Ouais non mais tu as raison, il vaut mieux que tu dormes, tu es fatiguée, là. Et puis à bien y réfléchir, pour la puce, c'est bien, l'allaitement.
Elle: Sans blague.
Edit: En vrai, souvent, ces échanges se terminent pas si mal pour l'homme, hein. Faut pas croire. Mais c'est moins drôle à raconter. En revanche, le coup de l'épisio, c'est de l'homme dans le texte. Véridique. 10 jours après la césarienne. La "barrière" de l'allaitement aussi. A part ça, il met pas la pression. Cela dit, un conseil aux jeunes mamans, haut les coeurs et en avant, on n'en a jamais envie après les journées portes ouvertes du vagin pendant le séjour à la maternité, mais c'est comme le cheval, il faut remonter le plus rapidement possible. Sans jeu de mot. Et en plus, souvent, c'est bon. Ou pas. Mais l'essentiel, c'est de ne pas oublier qu'à un moment ça a été bon et qu'avec un peu de temps et de patience, ça le sera à nouveau...