Je vous ai déjà parlé du troll qui sévit chez moi ? Non, pas ici, les trolls, moi, j'ai une veine du tonnerre, je suis quasi tout le temps épargnée.
Non, je veux parler du troll qui a pris possession de mon habitat.
Oui, le même qui change systématiquement de place mes clés dans mon sac et ce, quel que soit le sac en question. Et qui d'ailleurs ne s'arrête pas là et dépiaute l'emballage de mon tampax compact, tire le fil et le noue consciencieusement au trousseau de façon à ce qu'une fois que j'ai retrouvé ce dernier, je perde instantanément ma dignité.
Parce que forcément, cet esprit malin opère exclusivement les jours où j'ouvre ma boîte aux lettres en présence de mon gardien couperosé et libidineux. Que la simple vue d'une protection périodique parvient à mettre en érection, on peut être concierge, on en reste pas moins homme.
Bref, donc, le troll aime mes clés.
Mais pas seulement.
Sinon, comment tu m'expliques qu'alors que je donne exclusivement du doliprane à mon bébé, je sois en possession d'une dizaine de pipettes d'Advil et d'aucune du-dit doliprane ?
HEIN ?
Comment tu m'expliques ?
Tu m'expliques pas.
Ai-je
besoin de te préciser qu'à 3h du matin, quand chouchoute est brûlante
de fièvre et qu'il faut tenter d'évaluer quelle quantité de paracétamol
donner dans une pipette qui bien sûr n'a pas les mêmes graduations que
celle du doliprane, les premiers jours du passage à l'euro te semblent
un souvenir plaisant ?
Que dire des heures qui suivent, une fois que tu as donné à vue de nez le médoc - t'as jamais su convertir des mililitres en décigrammes alors l'advil en doliprane, ça t'as aucune chance - et que le silence suspect de chouchoute te fait redouter d'avoir légèrement surdosé le machin ?
Tu me diras, problème de pipettes ou pas, une fois que l'enfant parait, ton sommeil, tu te le cares dans le fondement. Parce que soit le lardon ne dort pas et donc toi non plus, soit il roupille et toi tu passes ton temps à te réveiller en trouvant inquiétant tout de même qu'il soit aussi calme.
N'empêche que le troll, là, j'aimerais bien qu'un jour il me rende: les pipettes de doliprane, la bonne télécommande de la télé - celle du magnétoscope il peut la reprendre, on ne s'en sert plus depuis 1995 -, les tubes de colle UHU achetés par dix, la patafix commandée trois fois chez Hourra sans que jamais on en trouve quand il faut accrocher au mur un des innombrables dessins de grande chérie, les douze couteaux à huitres systématiquement aux abonnés absents le 31 décembre - mais tous au garde à vue dans le tiroir aux alentours du 8 août - ainsi qu'une vingtaine de chaussettes évidemment dépareillées.
Merci le troll, tu seras bien gentil.
Edit: Non, je ne te parlerai pas de ma reprise, je préfère rester digne, rappelle toi, Marie Ingals, c'est Florence Foresti, à côté de ce que je vis.
Edit2: Oui ben quoi la photo ! Je n'avais pas de troll sous la main.