Tu vas me dire, le crabe, c'est de saison. Sauf que non, on ne parle pas ici de celui qu'on voit parfois sur les plages mais de son cousin bien moins réjouissant, celui qui se loge dans les recoins les plus intimes des corps et qui contraint ces derniers à se soumettre à des traitements douloureux pour l'en déloger.
On parle de la longue maladie.
Quand je dis "on", en l'occurence ce n'est pas moi qui en parle mais MDA, journaliste à Libé si j'ai bien compris, qui tient un journal de bord de son deuxième cancer du sein diagnostiqué il y a quelques mois. Je suis tombée sur ce blog par hasard et j'ai lu tous les billets, chose qui ne m'arrive quasi jamais.
Bien sûr, il y a toujours cette question, est-ce qu'on ressent cet intérêt par curiosité malsaine, jouissance secrète que "ça" ne nous arrive pas à nous mais à un/une autre pour qui on a certes de la compassion mais presque de la reconnaissance aussi de n'être justement pas nous. La réponse, pour moi en tous cas, grande hypocondriaque devant l'éternel est oui. Forcément, il y a de ça, il y a du voyeurisme à lire les billets de MDA.
Mais pas que.
Parce que la dame écrit juste. Et que quand bien même on chercherait du pathos, on en serait pour nos frais, vu qu'on a affaire à un spécimen de la race des coriaces. Du genre à foutre un gros coup de pied au cul de la mièvrerie et de la larmoyance. Du genre à parler de son torse comme d'un tableau d'un peintre qu'elle déteste et prenant des airs d'un Kandiski les jours suivant l'opération. Du genre à ne passer sous silence aucun détail, même et surtout les moins glamours, tout en restant d'une élégance absolue.
Du genre aussi à déclarer à son oncologue que c'est sans appel, avant de démarrer les six mois de chimio, elle passera trois semaines en Corse dans son village, parce qu'avant l'opération de grand nettoyage, elle a besoin de ce calme là.
En ce moment donc, elle y est, en Corse, et de ça aussi, des odeurs et des couleurs de l'ïle de Beauté, elle sait parler.
Âmes sensibles ne pas trop s'abstenir.
Pour y aller, c'est par là, "K, histoires de crabe".