Lui c'est Jane et elle c'est Tarzan. En vrai, c'est Mariana mais comme elle lui est tombée dessus sur une plage suspendue au bout d'une tyrolienne, il n'arrive pas à l'appeler autrement que Tarzan.
Lui, c'est un jeune homme très comme il faut, blindé de thunes un peu à l'insu de son plein gré après avoir - très bien - revendu sa boîte. Il aime les femmes mais pas plus que sa Lamborghini et ne voit pas du tout l'intérêt de se coltiner ces machins qui ont toujours une morve verte qui coule de leur nez et qu'on appelle des enfants.
Elle, elle est pauvre comme Job, et encore, à côté Job, ce serait Bill Gates. Elle élève ses deux enfants seule, depuis que l'amour de sa vie, un poète un peu schizophrénique sur les bords - et aussi sur le milieu d'ailleurs - est parti on ne sait où. Elle en est sûre, il va revenir. Mais en attendant, elle se bat tous les jours pour que ses enfants mangent à leur faim, même si certains soirs c'est nesquik pour tout le monde et c'est à peu près tout.
Quand elle lui est tombée dessus sur cette plage, la peau tannée et vêtue d'un seul bas de maillot duquel dépassaient des touffes de poil, il l'a regardée et pensé que ses petits seins ressemblaient à des oreilles de basset. Il l'a trouvée insupportable et puis mon dieu, quels horribles enfants elle avait, le plus petit tout pisseux, non merci, au-revoir Tarzan.
Quand à elle, elle s'est dit qu'il était puant et imbuvable, en plus d'être sans humour.
Et puis...
Et puis bien sûr, comme toutes ls histoires d'amour qui commencent très mal, ils ont fini par se sauter dessus et découvrir qu'en dépit ou à cause de leurs abyssales différences, leurs corps, eux, n'en finissaient pas de s'électriser. Et puis, les oreilles de basset, manifestement, ça peut être sacrément érotique, s'est dit Jane, qui s'est mis à trouver toutes les bimbos fraichement épilées et foutues comme des barbies complètement fades et sans saveur.
Je m'arrête là, parce que le mieux avec "Les larmes de Tarzan", c'est de le lire. Je vous préviens, ça passe vite, très vite, parce que Jane et Tarzan, on les aime d'amour, sans parler de tous les personnages secondaires décrits avec une tendresse incroyable par Katarina Mazetti.
Oui, Katarina Mazetti, l'auteur du "Mec de la tombe d'à côté", un des bouquins que j'ai le plus aimés l'année dernière.
Je ne saurais dire si celui-ci est mieux ou pareil, il se trouve que le procédé narratif est le même, une fois l'un, une fois l'autre qui raconte et que le sujet est sensiblement identique: comment s'aimer quand tout vous sépare ?
Sauf que c'est totalement différent, d'autres univers, d'autres personnages. Mais on retrouve en revanche l'esprit engagé de l'auteur qui décrit avec un réalisme incroyable la dure condition des femmes seules avec enfants, héroines du quotidien qui se démènent comme des diablesses pour leurs minots. Sans pathos aucun bien sûr, sa marque de fabrique étant un humour potache et caustique qui balaie tout sur son passage.
Voilà, je m'arrête là, je pourrais en parler des heures tellement je suis tombée en amour de Katarina Mazetti qui sait me faire rire et pleurer, vibrer, même, et qui écrit des scènes de cul comme jamais je n'en avais lues jusque là.
Edit: Un grand merci à Mlle E. pour ce livre, il faut arrêter de me gâter maintenant ou alors je vais vraiment y prendre goût...