Alors cette idée de se plaire et s'aimer. Je vais tenter de vous livrer un peu le fruit de notre discussion avec le docteur Z sur la question, sans être sûre de vraiment me faire comprendre.
Le problème en réalité est plus facile si on le prend dans le sens suivant: les gens que nous aimons nous plaisent-ils ? Attention, "plaire" est à prendre au sens large, pas nécessairement dans sa signification "physique". Pour que quelqu'un nous "plaise", il faut qu'il corresponde à des normes que nous pensons personnelles mais qui sont en réalité imposées par la communauté (en gros, est beau ce que tout le monde trouve beau, parait que ça se vérifie si on montre tout un tas de photos d'individus à un panel de gens, il y a unanimité sur les beaux et les laids). Bref, le fait que quelqu'un nous plaise est soumis à un certain nombre de conditions.
Ce qui n'est pas le cas de l'amour.
Exemple, nos enfants. Est-ce qu'ils nous plaisent en tous points ? Est-ce que notre amour dépend de leur poids, la couleur de leurs yeux, leur caractère riant, doux et docile ? Est-ce qu'on a besoin d'expliquer pourquoi on passerait par le feu pour eux alors même que ces vermines nous ont privés de notre sommeil durant les trois première années de leur vie ? (ok, c'est pas le sujet, mais on n'est pas vraiment sorti du bois à ce sujet, je tenais à en parler aussi).
En ce qui me concerne, la réponse est non. Mes machins je les aime inconditionnellement et quelque part, remarquait docteur Z, tant mieux, il en va un peu de la survie de l'espèce, donc heureusement qu'on n'a pas besoin de trouver beaux nos rejetons pour les chérir. D'autant que bien sûr, les nôtres sont magnifiques mais ce n'est pas le cas de tous les enfants, hein. Hum.
La comparaison est tout aussi valable pour l'amour de nos nuits et nos jours qui, avouons le, a une haleine de poney le matin, ronfle comme un cochon la nuit et ne ressemble pas nécessairement à Brad ou Georges. Ne parlons même pas de ses manies consistant à laisser volontairement la lunette des toilettes levée ou a jeter à la poubelle nos effets personnels exclusivement, au prétexte que ça trainait alors que pas du tout, on l'avait POSE là tout à fait consciemment (oui, j'admets, là je dévie du sujet).
Il n'empêche donc que même si on tourne légèrement la tête au réveil quand il commence à nous parler, on l'aime. Si si. On ne saurait vraiment dire pourquoi ou comment, c'est juste que voilà, on l'a dans la peau ce con.
Je m'arrête là, vous m'avez compris, c'est pareil avec Bénédicte, connue en terminale, qui a tout un tas de tics qui vous font grimper aux rideaux, mais dont vous ne pourriez vous passer plus de trois semaines et ça dure depuis 15 ans. Vous la trouvez jolie bien sûr, sauf qu'à bien y réfléchir, ok, elle a les pores dilatés, les seins pas si fermes et un léger strabisme. N'empêche que vous l'aimez, cette dinde.
Bref, je crois que j'ai été claire, les gens qu'on aime ne nous plaisent pas en tous points, mais quelque chose s'est passé, s'est construit, un lien s'est tissé et c'est comme ça.
Alors pourquoi nous on aurait besoin de se plaire pour s'aimer ? Qui, franchement, se mate dans sa glace le matin en s'écriant putain ce que je suis canon, et brillante en plus ? Ben pas grand monde. Ou alors pas tous les jours. Il n'empêche qu'il faut bien se supporter vu qu'à priori, à moins que Raël et ses copains illuminés aient raison, on n'a qu'une vie et qu'une enveloppe charnelle. Et s'aimer, c'est un bon début pour faire la route.
Sauf qu'on pense à l'envers voire de travers, me disait le docteur Zermati. Et ce ne sont pas les messages envoyés de toutes parts qui peuvent nous aider à y voir plus clair. Alors on intériorise que ne pas se plaire, ça implique de ne pas s'aimer. Et que par conséquent les autres non plus ne vont pas nous aimer.
- "Oui mais moi, je crois que j'aurais voulu plaire. J'ai un peu honte de le dire, mais j'aimerais, une fois dans ma vie, être une femme objet, un objet de désir brut, pas qu'on m'apprécie, qu'on me trouve drôle ou sympa, juste qu'on se retourne sur moi. Je sais, c'est débile et idiot, mais j'ai pas eu, ça".
Au lieu de se moquer, le docteur Zermati m'a répondu qu'en effet, à l'adolescence, on a besoin de ce truc, d'être convoité, montrée comme un trophée. Et que parfois, du coup, on cherche toute sa vie à obtenir ce qu'on a pas eu. Sauf que soyons claire, je serais bien emmerdée si là de suite, Stan, gossbo de seconde sur le lequel j'ai bavé des heures durant en vain, venait me proposer un patin derrière les toilettes.
Ou pas, remarque.
Edit: Photo prise avec mon téléphone, pas très "qualité", mais je l'aime, que voulez-vous...