Un an que j'attends de monter le col du Lautaret (mon côté maso, en général au trois quart on en est déjà à une bonne dizaine de vomis de la grande, on devrait battre notre record, aidés qu'on va l'être à coup sûr par notre amie la gastro). Un an que j'attends d'arriver en haut puis de redescendre vers la vallée de Serre-Chevalier.
M'allonger sur mon transat un peu pourri, faire suer mon père pour qu'il fasse des feux de cheminée toute la journée, râler parce que les chaussures de ski sont toujours aussi truies que mère nature. Hyène.
Manger de la raclette à 12 000 dollars le kilo de fromage même pas génial et pourtant s'extasier sur le bonheur que c'est. Mettre des ovomaltine dans mon anorak et les manger après deux pistes vertes parce qu'à la neige on a le droit, ça compte pas. N'entendre plus que le bruit des skis qui crissent sur les pistes. Fumer en terrasse à plus de 2000 mètres en sachant que c'est encore pire pour les poumons mais que c'est bon seigneur, que c'est bon. Faire pareil sur le télésiège, manquer perdre son gant ou son baton dans l'histoire, énerver le churros qui ne comprend pas pourquoi c'est SI indispensable de s'en griller une sur la remontée du Pas de l'âne.
Aller sur la pelouse qui entoure la chapelle avec vue imprenable sur les immeubles lookés seventies de la station, trouver ça super beau. Passer devant l'école qui pourrait être dans un album de Martine et répéter pour la 150ème fois à mes enfants que petite je rêvais d'y aller, pour voir les montagnes par la fenêtre de la salle de classe.
Entrer dans l'église du village, la seule dans laquelle je sens un truc, pas vraiment religieux, mais une sorte de bien être, celui de l'enfance sans doute.
Entendre mes grands jouer dans le grenier, me cogner au plafond de la salle de bain en soupente. Prendre ma douche en regardant les pins.
M'asseoir sur la marche, oui, là, dans cet angle qui fait un peu mal aux fesses mais qui permet d'attraper le soleil en étant à l'abri du vent.
Pour toutes ces raisons et tant d'autres, parce que mon grand-père a fini ses jours dans cette maison dont il dessina les plans, je me réjouis de cette semaine à venir. Parce qu'aussi, quand on se sent un peu dans la tourmente, quand la réalité de la crise dont on nous rabat les oreilles depuis un an s'invite chez nous pour chahuter l'équilibre précaire mais réel qui était le notre (en clair le journal du churros met la clé sous la porte), se dire que pendant quelques jours on va faire comme si rien d'autre n'importait que le nombre de pistes encore ouvertes, c'est, je pense, salutaire pour repartir du bon pied...
Bonne semaine à tous
Edit: La photo a 4 ans, grande chérie en avait 6 et moi 29 à peu près...