Ce week-end, j'ai fait un aller retour express à Lyon avec Helmut pour aller admirer ma micro nièce. Je vous épargnerai mes ah et mes oh d'admiration devant ce petit chou adorable qu'est la jolie Louise.
En revanche, permettez moi de vous livrer quelques réflexions notées au vol lors de mes deux trajets avec 666, j'ai nommé l'antéchrist, alias Rose.
- Quand tu voyages seule avec un enfant de 21 mois dans un train, la théorie de la relativité prend tout son sens. Par exemple, l'annonce des dix minutes de retard qu'aura le TGV à l'arrivée te plonge à peu près dans le même désespoir que si tu étais coincée en Russie et que douze volcans islandais venaient d'entrer en éruption, te condamnant à errer dans Minsk sans carte bleue ni manteau. Autrement dit, 10 minutes avec un moutard de moins de quatre ans dans un train = dix ans de goulag.
- Le seuil de tolérance dans ce genre de circonstances a également tendance à varier. Par exemple, tu te fous éperdument que ton chérubin s'enfile deux paquets de chips blindées de lipides.
- Par contre, tu tiques un peu si elle se met à manger des chipsters trouvés dans la poubelle. Tu tiques, mais si ça détourne son attention de la porte du compartiment - impossible à verrouiller et qui menace d'amputer un enfant toutes les dix secondes - tu passes outre.
- D'ailleurs tu es prête à passer outre un grand nombre d'interdits si cela dissuade pupuce d'aller et venir dans les travées du train, et de s'agripper au passage avec ses mains pleines d'huile de chips aux hommes d'affaires furieux de la subite démocratisation de la première classe. Sont donc momentanément autorisées les actions suivantes: fouiller ton sac et en balancer le contenu dans le couloir, dévider consciencieusement le paquet de lingettes puis nettoyer non moins consciencieusement les fenêtres immondes du TGV avec du Mustela à 10 euros les 100g, déchirer les titres de transport même si le contrôleur n'est pas encore passé, enlever ses chaussures, se tenir en équilibre sur l'accoudoir et bien sûr, suprême plaisir, glisser tout ce qui passe à portée de main dans les interstices des grilles d'aération manifestement conçues pour des petits doigts d'enfant de 20 mois.
- Est en revanche formellement interdit: faire la grosse commission. Interdit systématiquement transgressé, évidemment.
- A ce sujet, l'apprentissage de la propreté est totalement incompatible avec la prise d'un train. Surtout quand la nurserie est en voiture 8 et toi en 1 et que tu viens déjà de te taper deux allers-retours suite à des hurlements stridents sur le mode "caca, caca". Pour trouver à l'arrivée une couche immaculée, la chère enfant confondant encore prout et passage à l'acte. Ok, la plaisanterie t'a occupée et elle aussi pendant cinq minutes - ce qui n'est pas négligeable, cf plus haut -, mais accessoirement ça t'a également collé une sacrée gerbe. Ainsi qu'une dizaine de contusions dues au balancement subtil du train lors de ta promenade avec une Helmut gesticulante dans le bras droit et le sac à langer dans l'autre.
Manque de bol, la troisième alerte était la bonne. Un attentat intestinal en bonne et due forme.
- J'en profite donc pour présenter mes excuses au futur passager du prochain Paris-Lyon, place 115 voiture 1. Oui, il y a des gens assez dégueulasses pour coller une couche remplie de merde dans la micro-poubelle qui sert normalement à jeter les chewing-gum. C'était ça ou je vomissais sur le contrôleur.
- Je m'excuse également auprès de mes voisins de galère, pour le dérangement auditif et olfactif, donc.
Je vous laisse avec une petite sélection des phrases à mon avis le plus souvent prononcées par les parents à leurs bambins dans les voyages en train. Fruit d'une étude de terrain.
"Allez, on va manger, après, un petit dodo, et hop on arrive". "Tu as déjà terminé ?". "Tu es sûr que tu ne veux pas un autre gâteau ?". "Encore un ?". "Tu arrêtes". "Tu arrêtes tout de suite". "ça suffit". "Non, on n'arrive pas bientôt, on vient de partir". "Dans cinq minutes". "Tu as encore envie de faire pipi ?". "Tu arrêtes de boire, là, maintenant". "Prends ta DS, ça t'occupera". "Tu es sûr que tu ne veux pas prendre ta DS ? Pour une fois que tu peux y jouer le temps que tu veux ?". "Non, tu ne vas pas dans le couloir". "Assieds toi". "Si tu ne t'assieds pas tout de suite...". "Tu vas te faire mal". "Je te dis que tu vas te faire m..." "Et voilà !". "Qu'est ce que maman avait dit ?". "Tu es fatigué, viens dans les bras de maman faire dodo". "Tu es crevée, c'est n'importe quoi. Prends ta tétine et fais dodo". "Tu verras, un petit dodo et on arrive". "Dans cinq minutes on arrive". "Arrête avec cette poubelle". "Oh, regarde les vaches !" "Mais si, là, regarde !". "Trop tard, elles sont parties". "Ne pleure pas, y'en aura d'autres". "Ne mets pas ta bouche sur les fenêtres c'est dégoutant". "Tu arrêtes avec la tablette. ça fait du bruit, ça énerve tout le monde et tu peux te faire mal". "C'est la dernière fois que je te le dis". "Tu continues avec cette poubelle, j'appelle le contrôleur". "Regarde la dame là bas, elle fait les gros yeux". "Ouh, que tu es pénible". "Prends exemple sur la petite fille". "Prends tes crayons et fais un dessin". "C'est très joli". "Tu en fais un autre ?" "Allez, tu fais des dessins pour mamie, pour papi, pour tatie, pour la dame qui fait les gros yeux...". "Tu remets tes chaussures". "Chuuuut". "Regarde le petit garçon, là bas, il fait dodo dans les bras de sa maman, lui". "tu es sûre que tu ne veux pas faire dodo ?" etc etc etc.
Allez, je vous laisse avec deux trois preuve en image de mon calvaire. Et une de la menotte de ma nièce aussi légère qu'un chipster...