Je suis encore sous l'effet des bêta-bloquants, conjugué à celui de l'adrénaline, du manque de sommeil et des multiples cafés avalés durant ces deux jours. Par conséquent vous me pardonnerez ce billet décousu et sans grand autre intérêt que celui de vous donner des nouvelles.
D'abord, en tout premier, je voudrais saluer cette gentille brunette qui est venue me voir hier matin, alors que j'arrivais, hagarde, sac au dos et escarpins aux pieds, pour ma deuxième table ronde. Dans les couloirs du salon, j'ai entendu qu'on m'appelait. Me retournant, je me retrouve face à un visage souriant, amical, même - ce qui est toujours exceptionnel dans ce genre de circonstances, le côté "amical" on oublie, en général. "Caroline, on ne se connait pas, mais je vous lis, beaucoup, et j'adore ça", me dit ce visage amical. Moi, toute à ma table ronde et total embeded dans le contexte professionnel, je crois qu'elle lit mes articles de la vraie vie, sur des sujets vraiment mais alors vraiment sérieux. Et je me dis en moi même que ouah, y'a des gens tout de même qui s'enthousiasment pour de ces trucs.
Et puis le visage amical continue: "Je me suis permis de vous dire bonjour, j'ai reconnu votre robe et du coup...".
Ma robe.
Rétropédalage, mise en route des deux neurones pas encore attaqués par l'avlocardyl, rassemblage de mes idées et réalisage qu'à priori cette gentille dame ne me connait pas par mes activités les plus honorables, n'ayant jamais mais alors jamais parlé de ma robe à pois dans mes récents articles sur la réforme générale des politiques publiques, de son petit nom, la RGPP.
Ok, carambolage de mes deux mondes, drôle d'impression, pas la première fois qu'une inconnue me reconnait et me parle (merci au passage, depuis je n'ose plus jamais me curer le nez où que ce soit de peur de tomber pile poil sur un ou une lectrice et accessoirement je me prends pour Catherine Deneuve ce qui exaspère le churros), mais première fois que ça arrive dans ce milieu. Sachant que si je ne fais plus mystère de mes activités connexes, je ne m'en vante pas non plus et que par conséquent je ne sais absolument pas si mes supérieurs hiérarchiques à un jet de pierre de moi là tout de suite maintenant sont au courant.
Etrangement, je ne me sens pas vraiment inquiète - vive les barbituriques quand même, plus aucun problème n'existe - mais plutôt très reconnaissante. Non sans rire, les filles et les garçons, vous êtes forts en ondoyements, pour aller jusqu'à m'envoyer une onde carrément vivante en la personne de madame "visage amical". Bref, j'ai eu à peine le temps de sourire, de remercier, que la brunette est repartie en s'excusant de m'avoir importunée. Ce qui laisse à penser que j'ai pu avoir l'air importunée, alors que j'étais juste en train de chercher le rapport entre la RGPP et ma robe à pois. Bref, un grand merci parce que ça m'a totalement détendue avant ma deuxième animation, celle qui me stressait le plus.
Bon après, je peux vous dire que j'ai réalisé qu'on est toujours à un poil de poney de se vautrer, même en ayant la confiance à mort. Dix minutes après la fin de ma table ronde, je devisais, un orangina à la main, avec ma colègue S. A propos de la nouvelle star, pour être honnête (faut bien décompresser). Elle me parlait donc de "Gigi l'amoroso", chantée magnifiquement parait par Luce. Et moi, de m'exclamer: "Rah, cette chanson, moi je LA ROTE !". En lieu et place de "Cette chanson je l'adore".
Bon, ça va que c'était ma collègue - face à laquelle je crains néanmoins d'éprouver une légère gêne durant les vingt années à venir -. Mais putain, à dix minutes près, j'aurais pu demander à l'un des intervenants s'il pétait au lit, pensant l'interroger sur ses priorités de recrutement.
Comme quoi, les ondes, hein. A mon avis, y'en a eu à mort d'un coup pendant 24h et puis après, ce qui est bien normal, vous en avez eu assez et pof, tout est retombé d'un coup et à moi le syndrome de la Tourette, en somme.
Trop d'ondes tuent les ondes.
Edit: A la fin du salon, une autre femme est venue me voir pour me dire qu'elle avait adoré mes animations, qu'elle en avait vu beaucoup mais que c'était les miennes qu'elle avait préférées. Sur le coup, j'ai cru qu'on venait de me décerner la palme d'or de l'animation de tables rondes et je m'en suis même honteusement vanté auprès d'une quarantaine de personnes. Et puis après je me suis tout de même demandé si ce deuxième ange de la journée n'était pas non plus une lectrice, cachée cette fois-ci, qui voulait simplement me faire du bien. Si c'est le cas - et j'en suis à peu près certaine, je sais que je me suis sortie sans encombres de l'épreuve mais sans brio non plus je le crains - et bien je l'embrasse très fort, parce que c'est humainement vraiment très généreux, cet acte totalement gratuit...
Edit 2: Elles ont 22 mois et 3 ans, portent toutes deux un prénom de fleur, se tapent beaucoup dessus et se marrent comme des baleines le reste du temps. Elles sont des embryons d'amitié à elles toute seules et ça tombe bien parce que la maman de la blondinette est une rouquine chère à mon coeur...