Un grand merci pour vos commentaires d'hier, j'avoue, j'avais peur de tomber à côté, de ne pas avoir su exprimer ce que j'avais ressenti. Confidence pour confidence, je ne suis, personnellement, pas vraiment satisfaite de ce texte, mais vos émotions me l'ont fait aimer.
Une fois n'est pas coutûme, j'écris ce billet juste avant de partir au boulot, à l'arrache, donc, parce qu'hier était une de ces journées où il aurait fallu rajouter quelques heures. Vous dire que je compte les jours est un euphémisme, mener de front ancien job et nouvelles missions tient du défi impossible. Or je ne suis pas femme à défis.
Il n'empêche que je pensais, hier soir, à ce que nous avait expliqué le formateur de super managers lors d'une session cet automne (j'étais, il parait, donc, manager et le suis d'ailleurs encore jusqu'à jeudi).
Outre le fait que les petits tests de personnalité qu'il nous avait fait passer avaient révélé que j'étais de la catégorie des empathiques/bordéliques/intuitifs/extravertis ("Nnnon... non mais je... je vous assure Caroline, on PEUT être un bon manager avec un profil comme... comme le vôtre", avait bredouillé le formateur, la chique coupée par la bourde monumentale commise par mes responsables en me bombardant chef adjointe de truc et de machin), outre, je reprends, donc, le fait qu'il était apparu comme assez évident que j'étais l'exemple même de l'erreur de casting pour tout ce qui est autorité naturelle, j'ai retenu quelque chose d'essentiel lors de cette formation.
Alors que très franchement, je n'y croyais pas une seconde, étant très réfractaire à toutes ces choses qui peuvent s'apparenter à du coaching.
J'y ai appris, disais-je (on aime la digression ce matin, on étant un con comme chacun sait), que nous naviguions tous, professionnellement et personnellement parlant, entre notre "zone de confort" et notre "zone d'effort". S'il est utopique d'imaginer pouvoir éviter la zone d'effort - la vie n'est pas un chemin pavé de roses - (ou alors qui piquent), il est également insensé de concevoir de pouvoir se maintenir en zone d'effort chaque jour que Dieu - le traitre - fait.
Zone de confort, zone d'effort, chacun la sienne. Pour moi, professionnellement, l'effort consiste à ranger mon bureau, donner des ordres, accepter de n'être pas aimée parce que chef, faire les plannings des congés, être impartiale. Pour d'autres, l'effort résidera dans l'animation d'une réunion, l'entretien en face à face avec un collaborateur en difficulté, la délégation, etc. A chacun sa merde, en somme.
Toujours est-il que ce matin là, il y a comme un signal qui s'est allumé dans ma tête. J'étais, à 90% de mon temps cantonnée dans une zone d'effort. Ma zone de confort, à savoir l'écriture sur ce blog, les interviews, les rencontres, la rédaction de mes dépêches, devenait portion congrue, bouffée par ces autres tâches qui au fil des mois s'étaient rajoutées.
Le lien avec les séances zermatiennes m'est apparu par ailleurs évident. Je crois que le formateur - que je ne remercierai jamais assez, même si je ne suis pas convaincue que son objectif initial était de me faire démissionner - et le docteur Z sont sur la même longueur d'ondes. La restriction, la contrainte, ça ne marche qu'un temps. A trop se forcer à être ce qu'on attend de vous plutôt que d'accepter ce qu'on est, intrinsèquement, on se perd, on se noie et au final on se laisse déborder par ce qu'on voulait justement combattre.
Je crois que c'est la leçon la plus enrichissante qu'il m'ait été donné d'apprendre. C'est rare ce sentiment d'avancer, grâce à un ou des tiers. J'ai eu la chance en 2010 de rencontrer ces deux personnes, qui, sans jamais me "conseiller" ou me "coacher", m'ont fait prendre conscience d'une évidence: j'avais négligé, par idéologie judéo-chrétienne, probablement, ma zone de confort.
Je ne sais pas si j'ai été très claire, la "zone de confort" ne signifie pas "ne rien foutre". C'est ce qui définit le cadre dans lequel vous vous sentez au maximum de vos capacités en éprouvant cette émotion tellement mais tellement sacrifiée par le monde du travail alors qu'elle est fondamentale: le plaisir.