Hier, j'avais un de ces échanges tendres et merveilleux que seule une mère peut avoir avec son enfant. Un instant de pédagogie et de transmission de savoir. Parce qu'être maman, c'est ça aussi.
En d'autres termes, je la stimulais. C'est que les évaluations de CM2, c'est dans moins de 8 ans, tu vois ? Et force est de reconnaitre qu'au niveau de ce qui est langage, on n'est pas rendus avec number three. Enceinte d'elle, j'avais lu cet article terrible qui rendait compte d'une étude faite sur de grandes fratries. Le résultat était sans appel. A partir de trois enfants, les petits derniers ont plus de chances d'être des ratés que leurs aînés. Je caricature à peine. Ça m'avait fait une de ces peines pour Helmut qui à l'époque mesurait 12 mm les bras levés... Même pas finie et déjà cataloguée au fond de la classe, contre le radiateur.
Je ne dis pas que la prophétie se réalise, mais franchement on est très très loin des 200 mots de Ruffo (sa mère). Bon, il y a eu du progrès et ça s'étoffe un peu. Au rayon nouveautés de ce début 2011, on note l'appartition d'un très explicite "C'est nul" (les légumes, se coucher, les dessins animés pour bébé, s'habiller, aller chez la nounou, ranger les jouets, dessiner sur du papier et non sur le mur, mettre son bonnet, monter dans la poussette, s'en aller du parc) et d'un non moins efficace "j'ai pas envie-euh" (de manger mes haricots, d'aller dans la chaise haute, de dormir, de se baigner, d'éteindre la télé, de faire pipi, de jouer avec SES jouets, etc).
Très usité par mon helmut également, le "à moi", qui s'applique à peu près à tout, de sa maman au pot en passant par sa soeur, son frère, mon sac à main, les bijoux de sa soeur, la console de jeu de son frère, le portefeuille de son père, le toboggan, la balançoire, les jeux des enfants de nos amis, le doudou de sa copine, tous les sièges du bus 47, ainsi que tous les rayons du Monoprix de l'avenue d'Italie.
Elle sera peut-être cancre mais m'est avis que l'instinct de propriété lui a été donné en héritage. Ce qui pourrait l'aider plus tard.
Mais revenons à cette conversation qui transpirait l'amour. Parmi les innombrables apprentissages d'Helmut, il en est un qui la passionne par dessus tout. A savoir, qui a un zizi et qui a une zezette. Et par esprit de déduction, qui est fille et qui est garçon.
- Alors ta soeur, c'est...
- Une filllllle !
- Super. Ton frère ?
- Un son ! (ah oui, pour les mots à plusieurs syllabes, elle a décidé que ça l'emmerdait grave donc on se contente de la dernière. Il y a du level dans les conversations, je ne vous dis pas. Et parfois quelques confusions, je vous l'accorde. Même si par esprit de déduction c'est assez facile de la comprendre. Soit elle veut du saucisson, soit elle souhaite regarder la télévision. C'est d'un surfait le langage).
- Ouiiii, mon coeur, bravo (stimulation, valorisation, think positive).
- Et papa, c'est quoi ?
- Un son !
- Encore gagné ! Et ta copine lala ?
- Une fiiiiillle.
- C'est bien (n'importe quoi cette étude. Elle est brillante).
- Et ta Manou ?
- Une fillllle.
- Et Padom ?
- Un son !
- Et ta nounou ?
- Une fille !
- Trop forte ! Et maman ?
- UNE DAME !
Bon, laisse tomber, j'ai dit au churros. On n'en fera rien.
Je vous laisse, j'ai un saladier d'acide hyaluronique à m'enfiler dans la ride du lion.