Dimanche, j'écoutais cette excellente émission sur Inter, qui s'appelle 3D. Animée par Stéphane Paoli, que je n'apprécie guère au demeurant mais qui semble vouloir expier sa complaisance passée lorsqu'il était à la matinale. Enfin c'est mon appréciation, elle n'engage que moi et ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est que l'émission était consacrée au projet de loi sur la psychiatrie discuté en ce moment. Un projet de loi que je ne connais pas très bien, mais qui, si j'ai bien compris, prévoit de rendre plus facile l'internement d'office de toute personne qui serait déclarée folle. Il y a actuellement une levée de boucliers des psys, qui dénoncent la dimension répressive et liberticide de ce texte et regrettent qu'on ne se penche pas plutôt sur la prévention, la thérapie et toutes ces choses qui coûtent de l'argent sans rapporter une voix lors des élections.
Bref, les débats étaient passionnants et à un moment, l'un des participants a parlé de cette culture de la peur, de plus en plus prégnante dans notre société. Peur des roms, des arabes, des musulmans, des fous, etc. Il a eu ces mots qui on résonné en moi: "La culture de la peur, c'est ce qui peut faire basculer une démocratie vers un régime totalitaire. Les gouvernements de régimes démocratiques n'ont pas besoin, théoriquement, de jouer sur la peur de leurs citoyens". C'était mieux dit, mais j'ai trouvé ça très juste.
Après, un autre participant - ou peut-être était-ce le même - a expliqué que les lois sécuritaires qui se multiplient depuis quelques années créent paradoxalement de l'insécurité. A savoir qu'elles sont conçues pour protéger une partie de la population, ou tout au moins lui faire croire qu'on la protège, faute de pouvoir répondre à ses vraies inquiétudes (pauvreté, chômage, vieillissement, santé, etc) mais que dans le même temps, elles rendent plus précaires l'existence de ceux qui sont pris pour cible de ces lois. En l'occurence, là, les personnes souffrant de maladie mentale.
Ces personnes n'étant pas forcément dangereuses en permanence et n'étant, avec cette loi, appréhendées que par le prisme de leur maladie et plus du tout comme des êtres humains.
Voilà, ce n'était pas un billet très glamour pour un lundi, mais ça m'a pas mal fait cogiter, cette émission. Je me suis dit qu'on courait un vrai danger, à force de se laisser faire, à force de se dire que les cameras partout, c'est pour notre bien, la stigmatisation des autres, de ceux qui ne sont pas comme nous, c'est vilain mais après tout, tant que ça ne nous concerne pas, pourquoi s'en faire plus que ça ? Outre le fait que ce n'est pas très altruiste, c'est surtout très con. Parce qu'à force, à un moment ou à un autre, on risque d'entrer dans une de ces catégories dites "à risque". Parce qu'on sera vieux, gros, moche, pauvre, pas d'accord avec les grands de ce monde, malade, dépressif... pas dans le moule, en somme.
Il est plus que temps, je crois, de s'opposer à la culture de la peur. Et de chercher des raisons d'espérer. Parmi celles-ci, je vous conseille l'excellent billet de Dame Despé, sur ces jeunes qui, si si si, ont des pensées. Pour peu qu'on leur laisse l'occasion de s'en rendre compte.
Edit: L'émission est en ligne ici et si vous avez un peu de temps, je vous conseille vraiment de l'écouter. Il y a des moments comme ça où on se dit que grâce à d'autres, on est devenu un peu plus intelligent. Hier, c'est ce que j'ai ressenti.
Edit2: La photo, c'est parce que j'ai découvert douze ans après tout le monde l'appli "histamatic" sur Iphone et que faute de Reflex, je mange des merles. (non, pas des pigeons, merci). Et je ne sais pas, ce clair obscur, je me suis dit que ça pouvait illustrer mes propos un peu maladroits de ce jour.