"Je ne me souviens pas avoir lu de billets sur l'homosexualité sur ton blog. D'abord, tu les aimes les pédés ? Est-ce que tu es une fille à pédés ou même pas ?", m'a invectivée William hier sur twitter.
Attends.
Est-ce que Paris Hilton aime le rose ?
Est-ce que Sarkozy kiffe le Fouquets ?
Est-ce que Dominique de la Nouvelle Star aime la place de la Concorde ?
Est-ce que le chocolat aime la fleur de sel ?
Attends.
Pendant des années, j'ai cru que la chanson "Ziggy" avait été écrite pour moi. J'ai su avant pas mal de mecs qu'ils étaient gays. Pour la simple et bonne raison que j'en étais amoureuse. Or je compte sur les doigts d'une main les hétéros dont j'ai été amoureuse. A part le churros. Et encore, au départ, je le kiffais tellement que j'étais convaincue qu'il était du genre sensible.
Donc ouais, les gouines et les pédés, je les aime. Sauf les cons. Comme pour les noirs, les arabes, les grosses, les nains, les costauds, les chinois ou les roux. J'aime. Sauf les cons.
Plus sérieusement, je me souviens comme si c'était hier du premier coming out d'un de mes proches. Ce jour là j'ai voulu mourir mais c'est une autre histoire. Ensuite, bien après à vrai dire (une fois digéré le fait que j'avais été victime d'une très légère erreur de jugement) (c'est la première fois qui est la plus difficile), j'ai surtout pris la dimension parfois tragique de cette sortie du placard quand l'entourage n'est pas à même de l'accepter. J'ai été de toutes les gay pride pendant ma jeunesse, parce qu'il me semblait ahurissant qu'on puisse encore rejeter quelqu'un du fait de son orientation sexuelle. Et lorsque mes enfants sont nés, je crois leur avoir dit très vite, dès que j'ai pensé qu'ils étaient à même de comprendre (à trois semaines il me semble) qu'ils pourraient choisir qui ils voudraient plus tard et que fille ou garçon, là ne serait jamais la question. (par contre si possible pas de droite) (ça va, hein, laissez moi au moins ça en ces temps de deuil pour la gauche).
Je n'écris pas ça pour me vanter, je ne cherche pas l'habilitation gay friendly. C'est juste que récemment, j'ai été bien calmée dans mes illusions. Non tout n'est pas encore pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le machin me rapportait ainsi que l'insulte la plus en vogue dans la cour de l'école reste "sale pédé". Juste après c'est "intello".
Surtout, j'écris ce billet aujourd'hui parce que l'épisode 6 de l'émission Puzzle d'Off TV est consacré à Juliette. Et qu'elle y parle de ça, de l'homosexualité, la sienne, mais aussi de ces adolescents qui parfois préfèrent mourir que d'avouer leur préférence. Et pour moi, ça compte, de relayer son discours. D'autant qu'elle est je crois la première artiste à s'exprimer sur cette initiative, "It's gets better", visant à rassurer justement les jeunes qui pensent que la vie ne vaut d'être vécue lorsqu'on n'est pas hétéro.
Regardez jusqu'au bout cette émission, Juliette est drôle, piquante, sans langue de bois. Pour moi elle est avant tout une femme qui revendique sa singularité, une artiste engagée. Je ne pense pas "Juliette = lesbienne". Mais j'adore l'idée qu'elle ait fait son coming out dans Télé Z il y a déjà un bout de temps et qu'elle l'ai exprimé ainsi: la journaliste lui demande "Et votre roméo ?". Et la chanteuse de répondre: "Mon Roméo ? Il s'appelle Juliette".
Edit: Le prochain puzzle ce sera le mien. J'ai hâte. Très.