Il était une fois une petite boutique de prêt à porter au Grau du Roi, tenue par Eric et Lynda. Un jour, Lynda, jolie femme blonde adepte de l'uniforme jean t-shirt blanc, s'est dit que c'était dommage, tout de même, que dans toutes les collections des marques qu'elle vendait, il n'y ait pas un bête marcel tout con. Alors ni une ni deux, avec son mari, ils font fabriquer une cinquantaine de t-shirts dos nageur. Des noirs et des blancs, sur lesquels ils écrivent "Little Marcel". Genre, "on verra bien et puis si ça ne marche pas, on les filera aux copains".
Le truc c'est que les marcels s'arrachent immédiatement comme des fougasses. Le nom, la forme, le principe du marcel tout con ou tout ça à la fois, le fait est qu'ils ont eu du nez et que les gens ils les attendaient, ces marcels. Même s'ils ne le savaient pas eux mêmes.
Alors Eric et Lynda en ont fait faire d'autres, en couleur. Et puis encore d'autres, à rayures.
Et puis petit à petit, Little Marcel est devenue une marque de prêt à porter avec, 6 ans plus tard, des corners un peu partout, des points de vente jusqu'en Corée et plus de 40 salariés. Une success story comme je les aime bien, parce que c'est rassurant de constater que parfois, tout peut partir d'une toute petite et minuscule idée un peu folle.
Sauf que là où certains auraient pris le melon, se seraient installés à Los Angeles, parleraient d'eux à la troisième personne et deviendraient les parrains de Joy et Faith Hallyday, les patrons de Little Marcel ont préféré... rester chez eux. Au Grau du Roi, parce que c'est "là que tout a commencé". "C'est là aussi où on est heureux", explique Lynda. Surtout, collection après collection, ils avancent doucement mais sûrement, en bossant, bossant, bossant.
Tout ça, on me l'a donc expliqué pendant ce voyage de presse en Camargue. Un séjour organisé "pour vous montrer l'esprit dans lequel on travaille", nous a-t-on expliqué à notre arrivée. Au départ, mauvaise comme je suis et suspicieuse comme pas deux, je me suis dit "tu parles, ils disent ça mais on me la fait pas " (la fille qui a roulé sa bosse).
Et au final... pas du tout. On n'a vraiment pas beaucoup parlé de la marque, j'ai dû quasiment tirer les vers du nez de la responsable de communication pour avoir des infos. Et quand est venue l'heure de nous montrer la collection printemps été 2012, on s'est entendues dire que "bon ben voilà, c'est dans cette pièce, vous faites ce que vous voulez, si vous avez envie de jeter un oeil, mais rien d'obligatoire". Un peu plus ils s'excusaient d'oser nous faire perdre notre temps. (c'est pas comme si on avait été invités)
Forcément, vu mon esprit de contradiction j'ai tout regardé, du coup. Et vous imaginez bien qu'il y a quelques modèles que j'ai immédiatement reluqués, notamment la gamme enfant et ces petites robes avec des étoiles. J'ai bien aimé aussi qu'ils essaient de dépasser les rayures du début pour aller vers une mode plus "femme".
Le truc c'est que n'étant pas rédactrice de mode et ne possédant pas forcément un goût toujours très sûr en matière de fringues, je ne vais pas me lancer dans une analyse très poussée de leur style. Je suis sûre que Cécile qui m'accompagnait durant ces deux jours - et avec laquelle on a jacassé comme des pies sans discontinuer - le fera beaucoup mieux que moi.
Moi je peux juste ajouter que j'ai vraiment apprécié la façon dont les créateurs de cette jeune marque conçoivent la vie: "rosé, soleil et famille" sont les mots que j'ai le plus souvent entendus. Et ce n'était pas que des déclarations d'intention. Outre des journalistes, étaient conviés durant ces deux jours les commerciaux et les patrons d'usine. Et pour ceux qui n'avaient pas pu laisser leurs enfants, des nounous avaient été réservées. Ça peut paraitre un peu anecdotique, mais je me dis que c'est ça aussi une entreprise qui prend soin de ses collaborateurs.
Bref à part ça, vingt rédactrices de mode qui se baladent en Camargue, ça donne beaucoup de sandales compensées, énormément de jeans à fines rayures blanches et bleues, très peu de cellulite, une multitude de lunettes king-size, des deux pièces noirs minuscules (la taille des maillots est inversement proportionnelle à celle des lunettes en somme) et une dizaine de panama qui vont bien.
Avec au milieu une fille pas très bien dans ses ballerines, serrée dans son short en jean et réalisant que l'habit fait tout de même souvent le moine. Mais qu'on se rassure, il n'a pas fallu beaucoup de verres de rosé à la godiche en question pour danser sur JobiJoba sur deux planches de bois à la fin d'un repas servi dans une manade. Et encore moins pour réaliser que ces filles presque parfaites n'étaient pas trop les dernières non plus pour aller shaker leur booty au son des guitares.
Il faut dire que ces hommes sur leurs chevaux avec tous leurs taureaux, ça dégageait une quantité de testostérone. Un coup à tomber en cloque rien qu'à les regarder.
(et là c'était la fin) (imagine)
Le rapport avec jobijoba ? Je ne sais pas bien en fait. Ou si.
Voilà, je vous laisse avec quelques photos de ce coin merveilleux, d'autant plus qu'il n'était pas encore envahi par les hordes de touristes. Et je dis un grand merci à Elise, Anne, Belinda et Linda.
(on aura compris que j'avais le seul maillot une pièce de couleur)
(rahhhh, la robe à étoiles) (monomaniaque)
"très isabelle", j'ai entendu (comprendre "esprit Isabelle Marrant")
(oui bon ben après les étoiles ce que j'adore moi ce sont les marinières dans des cotons tellement fins qu'on croirait qu'on va les déchirer) (et aussi que tu les as achetés il y a douze ans) (alors que tu viens de lâcher une blinde pour une fringue qui a l'air d'avoir été passée à l'acide) (mais c'est ça qui te plait)