Ces derniers jours, je cours, tant et si bien que le temps, mon principal allié quand il s'agit d'écrire, me file entre les doigts. C'est un sacré défi, je trouve, de parvenir à trouver un équilibre entre les rendez-vous nécessaires pour sceller les projets à venir et cet indispensable isolement que requiert l'acte étrange et douloureux qui consiste à trouver les bons mots.
J'aurais besoin de journées plus longues, d'envoyer les nuits voir là bas si j'y suis.
J'avais peur que la rentrée soit difficile parce que pleine de vacuité, je découvre l'envers du décor de la pige, cette quasi obligation d'accepter tout ce qui vous est proposé de peur de voir s'éloigner les prétendants. Je ne me plains pas, le contraire serait une source d'angoisse sans nom, mais parfois, je regrette ce sentiment jouissif de la journée terminée dès l'instant où la porte du bureau se referme.
Travailler seul, c'est faire le deuil de ce soulagement là.
A part ça, le machin s'est déjà cogné de recopier quatre fois le règlement intérieur du collège. Il faut dire qu'il fallait bien occuper les deux heures de permanence pour cause d'affaires de piscine oubliées. Je crois que ce qui me rend le plus perplexe, c'est que sur le chemin de l'école, il se soit enquis auprès de sa soeur de la raison pour laquelle elle portait un sac en plus de son cartable. "Ben ce sont mes affaires de piscine", lui a-t-elle répondu encore endormie. "Ah, j'ai eu peur, j'ai cru que j'avais oublié de prendre mes affaires de dessin", a renchéri le machin.
Ouf que non, hein.
Ce n'est que deux heures plus tard qu'il a réalisé qu'il avait malgré tout zappé un truc. "C'est quand même dingue, maman, non ?".
Ah si.
Moi qui ne voyait comme avantage à ce qu'ils soient dans la même classe que le fait qu'avec un peu de chance le sens scrupuleux de l'organisation de sa soeur profiterait à mon écervelé de machin.
Perdu.
D'autant que bien qu'elle s'en défende, j'ai un peu de mal à ne pas la soupçonner d'avoir un tout petit peu sciemment évité de lui faire remarquer que théoriquement lui aussi aurait du porter un sac supplémentaire.
C'est ma préférée, entendons-nous bien. Mais elle n'est à ses heures perdues pas totalement dénuée de perfidie, il me faut l'admettre.
Sinon, vendredi, Rose m'a confié à la sortie de l'école avoir pleuré dans la journée. Après vérification auprès de son maitre, cela n'avait pas du être bien long puisqu'il ne s'en était pas aperçu. "Non mais pas beaucoup, maman. Juste une goutte". Alors ça va, j'ai dit en ravalant à mon tour un millier de gouttes d'eau salée.