Le week-end dernier, la chérie avait invité sa copine éponyme. Elles se connaissent depuis la maternelle et n'ont finalement été dans la même école que deux ans. Deux années qui ont suffi à en faire des inséparables malgré les chamailleries régulières.
Elles m'ont toujours rappelé ma copine Béa et moi, quand on allait manger en pleine nuit du thon à l'escabèche en se racontant notre vie.
Mais samedi soir, quand je suis entrée dans la chambre de ma fille pour sonner les cloches du coucher, j'ai surpris chez les trois enfants - le machin était accepté dans l'antre, à condition qu'il se tienne bien tranquille dans son coin avec sa console - une expression qui n'était plus celle d'il y a encore quelques mois. Rien d'inquiétant, rien d'agressif, mais une sorte de distance, un signe, imperceptible, que je venais d'interrompre une confidence. Est-ce que c'était la musique à fond, les stickers Swinging London qui ont remplacé les affiches Hello Kitty ou encore les docks échoués dans un coin ? Le fait est que l'adolescence a définitivement installé ses quartiers chez moi.
J'ai toujours pensé que j'en serais malade, que cela signerait la fin de MA candeur et que je banirais l'idée même de comédons sur l'adorable nez de mes bambins.
Et bien étrangement, samedi, j'ai plutôt ressenti de la joie. Peut-être parce que ce que je voyais s'esquisser dans cette toute petite chambre m'a semblé valoir le coup de tous les haussements de sourcils à venir, de toutes les portes claquées et des "tu ne comprends rien" que je vais me manger...