Je crois que je l'ai déjà raconté ici. En six ans il faut dire, je me demande ce qui de ma passionnante vie est resté du domaine de l'intime.
En l'occurence, là, ce n'est pas comme s'il s'agissait de parler de ma première branlette cela dit. Ça, ce serait franchement inconvenant.
Ah, oui, c'est déjà fait ?
Je plaide la folie passagère.
Quoi qu'il en soit ce souvenir peut-être déjà évoqué est d'un ordre beaucoup plus prude (quoi que). Il s'agit en effet des cookies Laura Todd que je m'enfilais consciencieusement à la sortie de mon lycée très catholique (duquel, vient, j'ai appris, l'auteur du Goncourt. Incroyable. Imaginez si un jour je décroche le Femina (j'accepterais le Renaudot) (et même le prix de la RATP), on viendra du monde entier étudier les pratiques d'enseignement de la littérature du lycée Saint Marc à Lyon, un peu comme les ministres de l'éducation visitent la Finlande histoire de comprendre comment ces crétins de vikings font pour avoir de si bons élèves en primaire).
Les cookies Laura Todd, disais-je.
Vendus chauds, mous, à peine cuits, avec leurs pépites de chocolat au lait grosses comme des Louis d'or. L'odeur inimitable qui émanait de la petite boutique de la rue Victor Hugo, le papier qui collait au biscuit et qui s'auréolait de beurre si on ne le mangeait pas immédiatement. Et cette envie d'en acheter un autre sitôt le premier terminé. (mon dieu, étais-je déjà hyperphage ? Quand j'y pense, ça fait sens, non ?)
Depuis des années maintenant, je cherche à approcher la perfection du cookie Laura Todd. Les seuls à souffrir la comparaison furent ceux concoctés par la mère d'une correspondante américaine (laquelle me détestait cordialement parce qu'à sa venue en France j'avais lu son journal intime et cassé son coup avec le sale con qui dans ma classe l'avait draguée) (je n'ai pas toujours été cette fille si sympa que vous aimez tant aujourd'hui). Elle me détestait, donc, et sa mère, probablement pour se faire pardonner de la méchanceté de sa fille (je ne l'avais peut-être pas volé mais me larguer à vingt kilomètres de chez elle un soir sous prétexte qu'il n'y avait pas de place dans la voiture de son mec, c'était rude) me gavait de patisseries home made à tomber par terre.
Souvenir mitigé, donc, de stop sur une route perdue dans le connecticut sur fond de boulimie nocturne pour apaiser mes angoisses. Mais putain ce qu'ils étaient bons tout de même ceux-ci aussi, de cookies.
Depuis, je poursuis ma quête insensée de ce goût sucré salé de ma difficile adolescence (je n'étais pas vraiment méchante, juste amoureuse du sale con en question).
Et puis dimanche, à la faveur d'un goûter improvisé, j'ai bricolé une énième tentative. En mélangeant deux ou trois recettes que j'ai ensuite adaptées à ma pénurie de sucre de canne.
Et j'ai touché de près la perfection. Si.
Je vous livre ma recette, bien que pas hyper convaincue qu'elle soit reproductible tellement j'ai l'impression que le résultat tenait de l'intervention divine. M'enfin je les ai refaits hier et ma foi ils étaient quasiment aussi bons. Le secret étant je pense de les sortir à moitié crus du four.
Bref:
Pour environ 18 (gros) cookies:
- 160 g de farine
- 1/2 cc de levure chimique
- 115 g de beurre demi-sel à température ambiante
- 50 g de sucre en poudre
- 100 g de vergeoise brune (ou de sucre roux mais la vergeoise en plus d'avoir un nom sexuel c'est quand même une tuerie)
- 2 cc d'extrait naturel de vanille (j'ai mis de la vanille en poudre)
- 1 oeuf
- 100 g ou plus de chocolat cassé en morceaux (noir, au lait, blanc, tout va c'est ça qui est bien)
Préchauffer le four à 180°.
Dans un robot, battre le beurre et les sucres pendant 2 min, jusqu'à ce que le mélange blanchisse. Ajouter la vanille et l'oeufs. Bien mélanger avant d'ajouter la farine et enfin les pépites de chocolat.
Déposer des cuillerées pleines de pâte sur la plaque à, pâtisserie (couverte de papier sulfurisé si elle n'est pas antiadhésive), en les espaçant d'environ 5 cm (la pâte s'étale à la cuisson). Faire cuire les cookies 10 min environ pour moi, mais cela peut varier d'un four à l'autre). Le bord commence à dorer mais le centre est encore moelleux.
Laisser refroidir les cookies sur une grille avant de les fermer dans une boîte hermétique.
PS: je me suis inspirée de cette recette là, elle même inspirée de celle de Martha Stewart, une prêtresse je crois de l'american food.
Voilà, c'est tout.