Photo prise par © Isabelle Vautier pour Commeaucinema.com, montée des marches de l'équipe du film à Cannes
La semaine dernière, étant sans enfants, on a fait grimper notre taux de fréquentation des salles obscures d'au moins 200%. Deux films en cinq jours, j'avais l'impression d'avoir 25 ans.
L'occasion d'aller voir "La part des anges", le dernier film de Ken Loach. Si vous avez besoin de retrouver un peu de foi en l'humanité, de découvrir des acteurs pour la plupart non professionnels et pourtant incroyables de vérité et de passer du rire aux larmes, courrez-y.
C'est un film comme seuls les Anglais savent les faire, qui parle de la difficulté d'aller contre un destin qui semble tracé d'avance, de résilience, d'amour et de solidarité. Le héros, petite crapule au coeur pur, veut s'en sortir pour celle qu'il aime et surtout ce fils qui vient de naitre. Hélas, dans cette petite ville d'Ecosse sinistrée par le chômage, on n'échappe pas à sa condition. Entre son beau père qui veut mieux pour sa fille et le fait tabasser et un chef de clan dont la famille est l'ennemie de la sienne depuis trois générations, Robbie est acculé.
C'est sans compter la drôle d'amitié qui le lie à la troupe brinquebalante de petits délinquants condamnés à des travaux d'intérêt général. C'est surtout sans compter la persévérance d'Henri, l'éducateur qui leur a été assigné. Cet amateur émérite de whisky décide d'initier ses élèves pas comme les autres à l'art de la dégustation du breuvage...
Je ne vous raconte pas la suite mais c'est donc drôle, émouvant, rassurant, un peu immoral et roublard. ça donne envie de partir dans les highlands, aussi, même si nom d'un chien, l'écossais est quasiment une langue à part.
Je me souviens d'ailleurs d'un voyage de presse à Glasgow, dans une autre vie, où dès l'arrivée à l'aéroport je m'étais aperçue que je ne comprenais pas un traitre mot de ce qui m'était dit. Ce qui s'annonçait problématique pour la suite, à savoir une conférence de présidents d'universités hébergée par celle de Glasgow et composée en grande partie d'intervenants écossais.
Je me suis toujours demandé comment j'avais finalement réussi à pondre des dépêches à l'issue des débats et surtout ce qui pouvait expliquer qu'aucune des personnes citées ne m'aient trainée en diffamation. En réalité je crois qu'il ne peut y avoir qu'une seule réponse: elles n'ont jamais lu mes articles.
Bref, allez voir "La part des anges", en cette journée d'annonce de suppression de près de 10 000 emplois chez Peugeot, vous y trouverez peut-être un peu de réconfort.
Par ailleurs, je vous ai déjà parlé ça et là de mon ami Gilles Tillet, réalisateur et scénariste. Il vient de mettre en boîte deux pilotes d'un projet de programme court. Sur ce coup là, il n'est que le réalisateur, les scénarios sont signés par les deux comédiennes. On reste dans le social et c'est trash, très trash. Il est je crois preneur de vos avis. Je crois personnellement préférer ce qu'il écrit lui mais j'aime bien la façon dont il a mis en scène et filmé. Le premier épisode est là et le second ici.
Enfin et c'en sera fini de cette chronique très sociale, j'ai un autre très bon ami, Manuel Jardinaud, qui vient lui de terminer un webdoc sur les intérimaires. Six témoignages de travailleurs et de leurs conditions de vie. C'est très fort je trouve et ça mérite de circuler...