Il y a celle qu'on voudrait être et celle qu'on est. Et il y a ce moment dans la vie où soudain, on se dit qu'on va être amie avec celle qu'on est.
D'aussi loin que je me souvienne, je me suis rêvée en fille sans seins, sans hanches et sans fesses. Manque de chance, je me suis réveillée un matin de ma douzième année avec un 95 C et ça ne s'est jamais résorbé. J'ai bien espéré après mes grossesses être de celles qui perdent deux ou trois tailles sans même le calculer, mais las, ils n'ont jamais désarmé, enfin, si, mais ils se sont contentés de regarder plus bas si j'y étais.
Je n'ai de mémoire jamais mis de soutiens-gorges triangles et je suis par ailleurs passée du 12 ans au 42 sans jamais m'arrêter sur la case 38. Et aujourd'hui, bien qu'entrant dans un 40 sans difficulté, je garde ce corps plein de déliés et surtout... de pleins.
Mais la nouveauté, c'est que j'ai capitulé.
Abandonné, mon rêve absolu de pull en col V à la Jane B, au placard les tenues faites pour les filles droites. Cette robe, je ne lui aurais pas accordé un regard il y a encore un an ou deux. Parce qu'elle est de celles qui ne se contentent pas de "mettre en valeur" les formes, elle transforme instantanément un 95 C en un 115 E. En soulignant la taille elle vous fait en prime ce qu'on peut bien appeler... une croupe.
Et bien je ne saurais vous dire si ce sont les yeux du loup de Tex avery du churros quand je l'ai mise hier ("Est-ce qu'on pourrait dire qu'on serait dans les années 50, que tu serais ma secrétaire, que moi je serais Don Draper et que le harcèlement sexuel serait encore légal ?"), ou si c'est parce qu'elle est d'un confort incroyable. Non, je ne saurais vous le dire, mais je m'y suis sentie comme arrivée quelque part.
Il était peut-être tout simplement temps d'aller à la rencontre de celle que je suis et de dire enfin adieu à celle que je ne serai jamais...
Il y a quelque temps, je vous racontais que lors d'une de mes séances avec le docteur Zermati, ce dernier m'avait demandé de réfléchir à cette interrogation: "est-il nécessaire de se plaire pour s'aimer ?". J'avais été à l'époque assez perplexe quant il m'avait assuré que non, cette idée de "se plaire" n'avait rien à voir avec celle de s'aimer. En prenant pour preuve d'ailleurs qu'il y a plein de gens dans la vie qu'on aime et qui honnêtement ne nous "plaisent" pas. Je crois que j'ai enfin fini par comprendre. Et je ne saurais vous dire là non plus quel soulagement cela me procure. Cesser de se donner cet objectif tellement inatteignable, cesser surtout de se préoccuper de cela.
Alors voilà, cette robe a tendance à me rendre plus pulpeuse que je ne suis aujourd'hui mais étrangement, je l'adore, parce qu'elle me ressemble, je crois.
Edit: je sais que certaines d'entre vous n'aiment pas que je donne la référence des habits sur les rares billets où je pose, mais je sais aussi que d'autres poseront peut-être la question, alors c'est une robe Monoprix, en rayon actuellement.
Edit2: Un cheveu s'est opportunément caché sur l'une des photos ruinant toute ma crédibilité modesque d'un coup d'un seul. Saurez-vous le retrouver ?