Donc hier je chantais les louanges de la neige.
C'est du passé.
Je conchie la neige et hélas ce n'est qu'une façon de parler (vous comprendrez en fin de billet la blagounette).
Pourquoi ce revirement soudain ? Parce que dans le combat totalement inégal qui s'est livré hier matin entre mon fondement et l'escalier enneigé qui mène à mon appartement, le score a été sans appel:
L'escalier: 1 - mon cul: 0
Littéralement, je me suis cassé le cul. Ou plus exactement la 4ème vertèbre sacrée (au dessus du coccyx en fait). Qui ne s'est pas seulement brisée mais aussi déplacée. Ce qui devrait considérablement prolonger la période de rémission. Laquelle étant d'à peu près de 3 mois "si tout va bien".
Une bien belle journée donc que celle de ce lundi. Après cette chute mémorable en emmenant Rose à l'école, j'ai pensé dans un premier temps que "ça" allait passer. "ça" ? La sensation d'avoir été embrochée, ni plus ni moins. J'ai donc déposé tant bien que mal ma fille dans sa classe, puis suis rentrée de la démarche assurée de celle qu'on aurait fait sécher sur un cheval.
Je n'avais pas pleuré de douleur depuis l'accouchement, j'ai rattrapé le temps perdu.
Après avoir appelé mon frère au secours et que celui-ci pour une fois ne m'ait pas répondu d'aller voir un psy, je suis allée faire radiographier mon séant, accompagnée de mes twins, dont la moitié des enseignants sont malades, ce qui pour une fois m'a paru être une assez bonne nouvelle, vu que ressortir seule n'était pas du domaine du possible.
Je n'avais pas beaucoup de doutes quant au verdict des rayons X, je suis tombée assez souvent sur mes fesses pour détecter dans la douleur ressentie autre chose qu'un bon hématome des familles.
Impression assez vite confirmée quand la standardiste, passant devant ma radio, s'est exclamée "oh purée, elle s'est pas loupée, c'est bien cassé".
"Avec cette neige, vous devez voir plein de gamins avec des poignets tordus", j'ai dit, pour détourner la conversation de mon cul en vrac affiché en 4x4. "Non, surtout des personnes âgées en fait", elle a répondu, en me regardant d'un air entendu. Réplique qui a fait mourir de rire mon fils, par ailleurs totalement surexcité à l'idée de pouvoir par la suite observer "une vraie fracture, et en plus dans un endroit pas banal".
La chérie, voulant me rassurer, s'est empressée de me dire que j'allais me remettre vite et qu'il y avait sûrement une solution pour me réparer. "Pas sûr, tu sais à partir d'un certain âge les os prennent du temps pour se resouder", l'a immédiatement reprise le machin (qui n'ira pas en Angleterre comme prévu cet été, il peut se brosser). "Va falloir en manger des yahourts, maman", il a continué, devant la secrétaire hilare.
On est repartis cahin caha, avec comme seul conseil de la part du radiologue de m'acheter une bouée. Dire que j'avais l'impression d'avoir été comme qui dirait épargnée de ce genre de réjouissances grâce à la césarienne. En fait le ciel avait manifestement prévu autre chose pour moi.
Et pas qu'une bouée à priori.
Parce qu'une fois rentré du boulot, le churros a décidé que je ne pouvais pas rester comme ça sans finalement avoir vu un docteur. Le voilà qui appelle SOS médecins, lesquels s'étranglent en entendant que je me balade depuis ce matin avec une vertèbre en goguette et m'envoient donc manu militari aux urgences de la Pitié.
Je passerai les détails sur l'atmosphère primesautière de la Pitié en cette saison.
Après trois heures à me tordre sur une chaise en plastique et à maudire mon cher et tendre de ne pas m'avoir laissée agoniser dans mon canapé, j'ai finalement été appelée par un brun ténébreux. Aka le médecin orthopédiste qui oh surprise n'avait pas douze ans.
Dans un premier temps, le pendant masculin du docteur Torres m'a expliqué qu'en gros, il n'y avait rien à faire. Pour se reprendre aussitôt et préférer vérifier que le déplacement d'une partie de ma vertèbre n'avait pas provoqué de dommages neurologiques.
J'ai beau avoir un certain bagage médical - avec mes onze saisons d'Urgences, neuf de Greys anatomy et l'intégrale de docteur House au compteur, je vous diagnostique un lupus les yeux fermés - , je n'ai pas vu le coup venir.
A savoir le "TR".
Dont j'ai compris le développé du sigle quand il a joint le geste à la parole, levant son petit doigt d'une manière qui ne laissait planer aucun doute sur l'endroit où prévoyait de se balader séance tenante ledit petit doigt. La bonne nouvelle c'était qu'il avait levé le petit doigt, vous me direz. Ç'aurait pu être le majeur (2013 sera l'année de la pensée positive).
Au départ j'ai rigolé, pensant que le gars, sentant que nous avions des affinités, voulait plaisanter.
Je ne vais pas laisser planer le suspense, il ne plaisantait pas.
Le côté positif c'est qu'à priori je ne souffre pas d'un des effets collatéraux possibles de ce genre d'accident.
La béance anale (Think positive).
La mauvaise c'est que je suis bonne pour deux semaines de laxatifs, au motif que tout de même, "ça ne va pas être du gateau de ce côté là". Sans déconner.
Bon et puis si jamais au contraire je venais à observer la moindre incontinence, ne pas hésiter à revenir darre darre.
Ou comment être devenue grabataire en une journée.
Franchement, ce 21 janvier je l'ai kiffé.
Voilà, je vous laisse. Ce billet a été écrit dans une position que la décence m'impose de ne pas décrire. Pas certaine que je sois particulièrement présente dans les jours à venir, j'ai comme qui dirait le cul en compote.