Lorsque je pars en vacances, je suis de
celles qui commencent à trouver que ça sent le sapin dès que la
moitié du séjour est dépassée. Ce qui correspond, pour un périple
d'une semaine, au mercredi. Impossible, passée cette date butoir, de
ne pas avoir dans la bouche un goût un peu amer, celui de la fin.
J'essaie de me raisonner, de me dire qu'après tout, en pleine
conscience et tout ce qui peut avoir un lien avec l'idée de cultiver
son jardin, le premier ou le dernier jour ont la même valeur, rien
n'y fait. Tout ça pour dire que depuis hier midi environ, je me
traine une légère angoisse, celle du retour. La seule perspective
qui ne me rend pas complètement dépressive, est celle de retrouver
mes trois choux. Mais sinon, sachant qu'à chaque fois que je
consulte mes mails – le moins souvent possible – je me retrouve
avec un papier en plus à écrire – pour avant-hier -, difficile de
ne pas entrevoir ce à quoi ressembleront les semaines à venir.
Trêve de lamentations, l'indécence a ses limites. Nous coulons, en dépit de ma déprime du mercredi, des jours plus qu'heureux. Les enfants me manquent, oui, mais il suffit que j'en entende un chouiner qu'il veut se baigner sans sa bouée/manger un pain au chocolat/faire pipi mais pas dans la mer/enlever son bob/pas mettre de la crème/encore une glace (liste non exhaustive) pour me dire que la séparation fait du bien à tout le monde (en écrivant ces mots, je revois encore le machin acquiescer bruyamment lorsque j'ai lancé en les laissant que de toutes façons ne plus me voir pendant une semaine leur ferait aussi des vacances). (« j'ai été un peu chiante ces derniers jours, j'en ai conscience », j'avais dit, dans l'espoir idiot que mes rejetons m'assurent que non. « C'est déjà bien de le reconnaitre », a répondu le machin).
A part ça, je crois que je voyage pour des émotions comme celle que m'a procurée la Pointe des châteaux, l'un des spots incontournables de la Guadeloupe. Soudain, on se rappelle que l'on est sur un confetti perdu entre la mer des Caraïbes et l'océan Atlantique. Soudain, on n'est plus rien. Soudain, il n'y a plus que le grondement du vent, et le fracas des vagues qui explosent contre la roche. Soudain, il n'y a, curieusement, plus de peur.
Hier, sinon, comme on avait tout de même pas mal donné de notre personne la veille, on a essentiellement fait la crêpe, tout en n'oubliant pas non plus d'aller manger, au Karacoli, en l'occurrence, que certaines m'avaient recommandé ici, un autre lieu immanquable, planqué sous les arbres en bordure de la plage de Grand Anse. Leurs accras étaient les meilleurs du séjour. Et la langouste du churros, à tomber. Mon court bouillon de poisson n'arrivait pas à la cheville de celui de notre amie Jo, en revanche.
Et puis, après avoir marché au coucher du soleil sur la plage, nous avons dégusté un sorbet coco, un délice qui mériterait d'être classé au patrimoine mondial de l'Unesco. S'il y avait une raison de revenir en Guadeloupe, ce serait peut-être celle-ci. Rien à voir avec la glace coco de base. Il s'agit ici de lait de coco auquel chaque vendeuse ajoute ses propres épices et parfums. Elle le brasse ensuite dans ce qui pourrait être l'ancêtre de la sorbetière, un récipient en cuivre ou autre métal, entouré de glaçons pour figer le sorbet. La consistance est à mi-chemin entre la glace et la mousse et le goût explose en bouche. Le mien, hier, avait des tonalités vanillées, citronnées et d'amande amère.
Je projette d'importer le concept et de me reconvertir en madame coco.
Je vous souhaite une belle journée, j'espère que les intempéries sont derrière vous et je vous dis à la semaine prochaine, demain ce sera off, je crois, histoire de ne pas provoquer en vous une overdose antillaise.
Edit: Pour ceux qui en redemandent, d'autres photos sur mon compte instagram.