On ne va pas parler du tremblement de terre politique d'il y a deux jours, je vous annonce que je suis en dépression électorale et ce pour un long moment. Le pire c'est que je crains qu'on n'en soit qu'au début du scandale. Pour l'instant, tout le monde semble se focaliser sur le vilain mensonge et peu sur le fait en lui même, pourtant grave et totalement contradictoire avec l'exercice de l'Etat, qui plus est pour un homme de gauche. D'où vient l'argent ? Combien y-a-t-il exactement sur ce compte ? Cahuzac a-t-il protégé durant des années d'autres personnes ? Qui savait ? Qui ne savait pas, surtout, devrais-je demander, tant la liste de ceux qui en réalité en avait entendu parler s'allonge d'heure en heure... (une chose est sûre, Apathie ne savait pas).
Je suis triste, blasée, dégoûtée. J'y croyais, moi, à la République irréprochable. J'ai chanté place de la Bastille, j'ai vibré au son des "moi président" d'une personne en qui aujourd'hui je n'ai plus confiance. Peut-être ignorait-il tout, peut-être. Mais dans ce cas, je me demande si ça n'est pas encore plus grave. Il est donc vraiment cet homme à qui l'on peut mentir sans ciller, sans frémir ? Il serait donc fidèle à ce qu'on peut en dire, hésitant lorsqu'il faut trancher, incapable de sentir ces choses ? Marine n'a plus qu'à se baisser pour ramasser les voix qui trainent et l'avenir est soudain si incertain...
Vous aurez remarqué comme je parviens à ne pas en parler.
A part ça, et parce que plus que jamais il faut se raccrocher à cela, j'aime...
J'aime le fou rire ininterrompu avec ma cousine hier pendant une heure au téléphone. Censées organiser le Noël de juin cette année, on est au taquet des tableaux excel répertoriant quiches et gâteaux. "On va les surprendre", on s'est dit. Ou pas.
J'aime ce bracelet Shlomit Ofir reçu en cadeau. Une fleur de cerisier, de saison. Tous les jours en ce moment je vais vérifier que ceux de mon quartier chinois ne sont pas éclos. Je ne veux pas rater ça, c'est un spectacle qui m'émeut et comment dire, en ce moment l'émotion...
J'aime la tête de ma Rose dans ce bonnet. J'ai un peu moins aimé quand je l'ai récupérée mardi à l'école, avec la moitié des strass arrachés. La cause ? "J'ai distribué des diamants à mes copines, parce que les pauvres, elles n'en ont pas, elles". Ben voyons. Penser à ne jamais laisser trainer mes bagues. On est de gauche mais tout de même.
J'aime préparer des tacos le week-end. Le repas qui fait mouche à tous les coups et qui finalement réussit l'exploit d'être assez sain, avec crudités qui vont bien, fromage et viande. Et du blé, aussi, dans les tortillas. Je suis l'équilibre alimentaire.
J'aime que lors de notre dernière virée chez H&M, pour la première fois ma grande se soit amusée à essayer des trucs foufous, elle qui d'ordinaire ne jure que par le gris et le noir. En réalité, la façon dont elle s'habille la regarde, mais j'avais l'impression qu'elle était en quête d'invisibilité. Et depuis quelque temps, la voilà qui sort de sa chrysalide. Un éveil qui correspond à cette inscription un peu malgré elle à des cours de hip-hop. Dingue comme parfois la danse peut vous transformer un être (bon par contre on va s'arrêter là, Nabilla, hein ?).
J'aime les verres Ikea offerts par ma Zaz, avec les torchons flamands roses qui vont avec. J'aime avoir une amie qui pense à m'offrir de jolis torchons. Parce que c'est important les torchons.
J'aime le souvenir de ce père avec sa toute petite fille en Guadeloupe. Il était grand et il la portait sur un bras, comme si elle ne pesait que quelques grammes. Avec sa drôle de frimousse toute ronde et ses yeux écarquillés, la petite, rouquine, ne le lâchait pas d'une semelle. Pas comme parfois ces enfants en insécurité affective, qui pignent dès qu'on s'éloignent. C'était plus comme si elle était son ombre, mais minuscule. Il se dégageait une évidence et une sérénité de ces deux là qui me donnait envie de pleurer. C'est beau l'amour.
Edit: Ah et je voulais vous remercier pour votre chaleur hier dans les commentaires, vous n'avez pas idée comme ça m'a touchée. Je voulais aussi vous dire que je n'arrêterai pas de parler de ce sujet, il fait partie de mes préoccupations et presque, désormais, de mon domaine d'expertise. C'est juste que je ne veux pas capitaliser là dessus, ce serait facile et je ne veux pas céder à la facilité. Mais je ne renie rien.