Hier, avec mon fils. Fin du repas, l'homme est en train de débarrasser, nous ne sommes plus que tous les deux à table et nous devisons. Soudain mon bonhomme prend son air de conspirateur, l'air de celui qui va me dire un gros secret...
- Tu sais maman, je crois que je suis un peu amoureux de Léa.
- C'est vrai ? C'est super ça mon chéri (ça me tue, mais c'est super).
- Ouais...
- Non, ce n'est pas super ? Elle n'est pas amoureuse de toi, elle ? (Elle oserait ? Non mais elle a bien regardé QUI portait son regard sur elle, l'inconsciente ? Prends garde à toi Léa)
- Je ne sais pas. Je crois que si quand même. Mais on ne s'est rien dit.
- Et bien il faudrait peut-être que tu lui parles ? (A ce stade de la conversation l'homme qui fait des allers-retours dans la cuisine me fait comprendre rien qu'avec les yeux que je suis en pleine ingérence maternelle, ce dont je suis consciente tout en étant INCAPABLE de m'arrêter)
- Oui, tu as raison maman, demain je lui dis. (je regarde l'homme et sans que je ne dise rien moi non plus on peut entendre un sonore: "AH ! Tu vois !")
Puis, après un silence:
- Tu sais maman, je trouve que c'est dûr l'amour.
- Oh, mon coeur (à ce nouveau stade de la conversation je suis prise d'une envie irrépressible de le remettre dans mon ventre) ... Pourquoi donc ?
- Parce qu'il y a trop de choses difficiles à esprimer. (C'est décidé, quand je serai grande je me marierai avec mon fils et ne venez pas me dire que c'est impossible).
- Mon amour, tu sais, parfois il suffit de dire ce qu'on ressent très simplement et c'est d'un coup moins difficile. Mais surtout, quand l'amour semble trop dur, c'est qu'on est peut-être pas amoureux de la bonne personne, tu comprends ? L'amour ne doit pas faire mal, tu sais ? (surtout pas à toi, chair de ma chair, dégage, garce de Léa)
- T'inquiète maman, pour l'instant ça ne me fait pas mal parce que je ne me cogne pas.
A ce stade de la conversation je me suis évanouie sous le coup de l'incroyable intelligence de mon fils ma bataille. Sans parler de la dimension merveilleusement poétique de ces quelques mots.
Je sais, je suis atteinte du syndrome de la mère abusive.