Alors autant prévenir les nullipares - ouais je sais, c'est un mot affreux mais "multipares" aussi, en même temps - ce billet risque de les emmerder au plus haut point puisqu'il y sera question de poussettes, de tables à langer et de toutes ces choses hautement glamour qu'on se doit d'acquérir avant la naissance d'un lardon.
Cela dit, ne fuyez pas non plus à jambes raccourcies, il n'est pas vraiment dans mon intention de faire un banc d'essai des chaises hautes mais plutôt de pousser un grand cri contre l'industrie de la petite enfance qui nous prend, de plus en plus, pour des jambons.
M'enfin c'est sûr que si l'idée même de regarder un youpala vous donne la nausée, passez votre chemin, mes mies !
Contre la flambée des prix du matériel de puériculture. En huit ans, âge de mes rejetons, j'ai l'impression que tout a été multiplié par douze. Et pourtant déjà à l'époque tout était ruineux. D'autant que j'avais des jumeaux et que la péniche qui te sert de moyen de locomotion dans ces cas là fait partie des trucs qui coûtent un bras.
Toutefois, à l'époque, ma grand-mère n'avait finalement dépensé "que" 2500 francs pour ce monstre à quatre roues.
Ce qui nous avait semblé la mer à boire.
Aujourd'hui, si tu trouves une poussette à moins de 300 euros c'est en général sur eBay ou chez ED. Et encore ce sont des engins que normalement tu n'utilises qu'à partir de 6 mois/un an et qu'en général on te déconseille fortement sous peine de provoquer une scoliose incurable à chouchou dès son premier anniversaire.
Ben oui, la poussette que toute mère digne de ce nom se doit d'acheter dépasse en général allégrement les 460 euros pour atteindre la somme astronomiquement ridicule de 1000 euros pour les plus design, suédoises en général, et impliquant dans le même temps d'avoir au moins un 4x4 pour les transporter. Ce qui d'ailleurs est assez savoureux car ce genre de bolide est conçu pour que bébé soit à deux mètres du sol et ne respire pas les gaz d'échappement des... vilains propriétaires de bagnoles qui polluent.
Bref, donc, la poussette qu'il te faut, elle coûte un max. Et ne fait même pas micro-ondes pour la peine ce qui est proprement scandaleux.
Tu vas me dire, "ouais mais bon, après tout si les gens pétés de tunes ont envie d'acheter un carrosse pour leur moutard, grand bien leur fasse". Oui. Mais non. Parce que d'après un article publié récemment dans le Jdédé, ce ne sont même pas les plus blindés qui craquent. Enfin, si mais pas que. En fait, souvent, les gens modestes se saignent pour offrir à leur descendance un moyen de locomotion digne des rejetons de la couronne.
Pourquoi ?
Pour la même raison probablement que les propriétaires de BMW ne sont pas nécessairement tous des nababs. Parce que c'est un signe extérieur de richesse. Et aussi à cause de la culpabilisation permanente à laquelle tu dois faire face quand tu t'apprêtes à enfanter.
Acheter une poussette dernier cri, c'est franchir un premier pas vers la perfection faite mère ou père. C'est montrer que tu es prêt à t'investir pour ta descendance, que tu as les moyens de subvenir à ses besoins, bref que grâce à toi un jour il fera polytechnique.
Et cela ne concerne évidemment pas que la poussette.
Par exemple, une table à langer peut atteindre la somme astronomique de 180 euros. Tout ça quand même pour un tréteau en alu avec matelas en mousse sur lequel bébé va essentiellement se soulager les douze premiers mois de sa vie et qui finira dans la cave comme établi de fortune dans le meilleur des cas.
Ne parlons pas des chaises hautes qui peuvent également aller jusqu'à 300 euros sous prétexte qu'elles sont modulables et se transformeront plus tard en bureau pour poupette.
Laquelle ne voudra jamais de cette immonde chose verte maculée de dizaines de petits pots carottes/aubergines.
Bref, je vais arrêter là ma démonstration. En fait, je crois que ce qui m'ulcère le plus, ce n'est pas tant que des petits malins du marketing tentent le coup de nous faire débourser un maximum pour tout un tas de cochonneries dont on ne se servira jamais ou peu. Non, ce qui me rend malade c'est que certains puissent aujourd'hui être réticents à pondre un enfant pour la simple raison qu'ils n'en ont pas les moyens.
Ce qui me gêne, c'est le slogan d'un magasin de puériculture, Aubert, pour ne pas le citer: "Réussir son enfant".
On ne "réussit" pas un enfant comme on réussit une carrière, la construction d'une maison ou ses vacances. On le met au monde et on l'accompagne sur le chemin de l'autonomie, dans le meilleur des cas. Et si ça se fait dans une poussette bon marché sans poignées télescopiques ou jantes en alliage, ce n'est à mon avis pas un problème.
Putain.
Voilà, c'était mon cri du vendredi, pardon d'avoir été un peu longue.