J'ai deux phobies. Prendre l'avion et parler en public. Sachant qu'entre tenir un micro devant plus de trois personnes et piloter un jet, je choisis direct le jet. C'est simple, la perspective de me retrouver en face d'un public me donne la réelle impression que je vais me dissoudre dans mes chaussures, après que mon coeur ait fini par lâcher.
La première fois que j'ai ressenti ce malaise, ça date des 65 ans de mariage de mes arrières grands-parents. Je devais avoir 11 ans. Comme j'étais bonne en rédaction, ma grand-mère, très fière de l'aînée de ses petites filles, m'avait annoncé, fière comme un pou qu'elle avait décroché pour moi LE premier rôle, celui de faire le compliment à Grand-papa et Grand-Maman, au nom de tous les arrières petits-enfants. Ceci devant une assemblée d'une centaine de personnes, la famille de ce côté là étant particulièrement nombreuse. Autant dire que les six soeurs de ma grammy également multi-grandpares étaient
VERTES, ayant elles aussi pas mal de poulains tout aussi doués que moi.
Autant dire aussi que la pression est rapidement montée.
Je me souviens de ce discours écrit d'une main peu assurée et lu et relu dans le train qui nous emmenait en Normandie. Alors que je ne souffrais pas spécialement de timidité à l'école, j'ai senti au fil du trajet mon ventre se serrer. Et si je me ridiculisais ? Et si je les décevais, tous ces gens à qui ma grand-mère avait fait l'article ? Et si...