De plus en plus de femmes se font opérer des lèvres. Pas celles du visage, j'entends, non, celles qui recouvrent le vagin.
J'ai lu l'info dans le Elle de cette semaine - heureusement que la presse féminine est là, pour relever le niveau de la blogosphère, au fait, je vous ai dit, déjà, que j'aimais les gilets gris qui font loose ? - qui consacre un long article sur ces amatrices de la nymphoplastie réparatrice, puisque c'est comme ça que ça s'appelle.
On va passer sur le côté complètement dément de la démarche (respect tout de même aux femmes qui osent, ne serait-ce que verbaliser cette envie auprès d'un membre du corps médical) ainsi que sur le filon que semble représenter pour ce même corps médical ce type d'opération esthétique (jusqu'où iront-il ?).
Non, moi ce qui me choque, à vrai dire, ce n'est pas tant qu'on puisse trouver son frifri mal foutu. Moi même, adolescente (surtout faire abstraction du fait que si ça se trouve mon banquier/ ma belle mère / ma voisine me lit), j'avoue avoir été totalement perturbée lorsque mon intimité s'est mise à se transformer. Il faut dire qu'on ne m'avait pas prévenue. Les règles j'étais au jus (miam), les poils itou, mais alors le côté charnu du charnel, pas du tout.
Je me souviens avoir fini par confier mon désarroi total à ma mère, sur le mode "je crois, maman, que tu as enfanté un monstre, il y a quelque chose d'absolument anormal à ce niveau là chez moi". Bien que ma mère ait su trouver les mots (un genre de "mais non enfin, tu es parfaite" grommelé d'une voix mal assurée, pas certaine en effet qu'elle s'attendait à ce type de problème existentiel), je dois confesser n'avoir été totalement rassurée sur ma normalité que le jour où le premier garçon qui s'aventura dans ces contrées ne sembla pas avoir quoi que ce soit à redire à ce qu'il y trouva.
Bref, on l'aura compris, la puberté ne fut pas pour moi un chemin pavé de roses, mais la vraie question, c'est pour qui le fut-elle ?
Il n'empêche qu'à priori, donc, de plus en plus de femmes décident de faire réduire leurs lèvres, parce que c'est moche quand ça dépasse. C'est vrai qu'en soirée, c'est un peu gênant, on sait jamais, un jeu de lumière impromptu et pan, tout le monde s'aperçoit que votre petit nom c'est Droopy.
Bon, certaines subissent l'opération pour des questions de confort vestimentaire, l'hypertrophie de leur vulvounette (j'assume pas d'écrire "vulve", à mon avis ça veut dire un truc) les gênant lors de la marche. Pour celles-ci, ok, je peux comprendre, même si, conseil d'amie, le port de slim sans culotte n'est agréable pour personne, petites ou grosses "petites lèvres", j'entends. Non parce qu'à moins d'avoir chopé les oreillons, je ne vois pas bien comment on peut se coincer la lèvre en courant, si on a bien choisi ses sous-vêtements.
Mais bon, j'imagine que mère nature ne s'est pas acharnée que sur mes oreilles - que j'ai grandes et fort décollées -, donc je veux bien croire qu'il existe certaines difformité à ce niveau là aussi.
Ceci étant dit, la plupart de ces candidates au bistouri sur la bistouquette le sont parce qu'elles veulent être jolies là aussi. Et moi ça m'inquiète. Parce que par "jolies", j'entends "prépubères". Déjà que le port de poils pubiens te fait de plus en plus passer pour une adepte des camps naturistes teutons dans les années 70, voilà qu'en plus d'être imberbe, ton kojak doit être lisse comme celui d'un nourrisson. Bientôt on se fera lifter le clitoris et on se botoxera le vagin. Ou l'inverse. Tout ça pour se donner l'illusion qu'on n'est pas devenue un être de chair et de sang, surtout de sang, en l'occurence. C'est incroyable qu'à l'ère du porno à tout va, du sexe à tous les étages et à tout âge, on veuille finalement retrouver un état d'"innocence" complètement factice. Je ne sais pas, c'est à mon sens une façon de légitimer la pédophilie, d'admettre qu'un sexe de petite fille est finalement plus attirant que celui d'une femme, avec ses spécificités, ses aspérités et ses reliefs, qui ne sont peut-être pas des plus esthétiques mais qui sont à mon sens l'incarnation de la sensualité.
Edit: Après m'être pas mal torturée pour illustrer ce billet, je suis tombée sur cette photo, sur le blog "photos" de Libération. Pourvu que son auteur ne m'en veuille pas...
Edit2: Pas la première fois que je parle de touffe à zéro, si le coeur vous en dit, c'est ici et là...