Le premier appel des 343 salopes a été signé quelques jours après ma naissance. Le second vient d'être publié, ce 2 avril 2011. 40 ans après, c'est effarant de constater que les revendications des 343 filles, soeurs, nièces ou amies de ces pionnières du féminisme ne sont hélas pas très éloignées de celles du premier manifeste.
Si l'avortement est autorisé, il est encore souvent un parcours du combattant, jonché de culpablisation et de refus de médecins considérant que l'acte est contraire à leur éthique. Les femmes continuent à assumer l'essentiel des tâches ménagères, elles sont moins bien payées que leurs homologues à compétences égales, subissent le joug du plafond de verre qui les empêche d'accéder aux postes à responsabilités.
Je n'aime pas la victimisation, je suis de celles qui, privilégiées, vivent avec un homme pour qui l'égalité n'est pas qu'une vue de l'esprit. J'ai été élevée par une mère qui m'a toujours encouragée à suivre ma voie et m'a enseigné, par l'exemple, que s'assumer financièrement et s'épanouir professionnellement étaient gage de liberté. Mais je suis témoin, tous les jours, de l'oppression des femmes, de la manière dont même inconsciemment certaines d'entre nous persistent à penser qu'elles appartiennent au sexe faible. Dans le secteur de l'enseignement supérieur, que j'ai suivi pendant des années, il est frappant de constater par exemple combien les assemblées de décideurs ne sont composées que de têtes - souvent grises - d'hommes. Parmi les présidents d'université, rares sont les femmes, parmi les recteurs, idem, les grandes écoles sont dirigées par des hommes. Je cite cet exemple parce que je le connais et qu'il est d'autant plus frappant au regard de la forte féminisation du corps enseignant, mais on retrouve ce même constat dans tous les milieux. Pire, quand un métier se féminise, certains avancent qu'il se déprécie. Je l'ai entendu, souvent, à propos du journalisme.
Bref, la route est longue, et pour toutes ces raisons, je soutiens à mon tout petit niveau ce nouvel appel. Et j'espère de tout mon coeur que mes filles n'auront pas à en signer un troisième dans quarante ans.
"Nous ne demandons pas la lune, nous exigeons juste l'égalité".
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